La diplomatie française a démenti mercredi des propos du président philippin Rodrigo Duterte selon lequel les justiciables étaient présumés coupables en France jusqu'à preuve du contraire, soulignant au contraire l'importance du respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit.
"La présomption d'innocence au cœur du système judiciaire français". L'ambassade de France à Manille a publié un communiqué à la suite de déclarations faites lundi par Rodrigo Duterte défendant sa guerre controversée contre le trafic de drogue qui a fait des milliers de morts. "Nous devons souligner que, comme aux Philippines, la présomption d'innocence jusqu'à ce que la culpabilité soit établie est au cœur du système judiciaire français, fondé sur les principes inscrits dans la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789", dit le communiqué. "La France est convaincue de l'importance de l'Etat de droit, de l'application de la loi et du respect des droits de l'Homme dans tous les pays, y compris les Philippines".
"Cette fille de p*** ! C'est une idiote !". Rodrigo Duterte avait réagi avec colère à des commentaires de la Française Agnès Callamard, rapporteure spéciale sur les exécutions sommaires ou arbitraires de l'ONU, au sujet du meurtre présumé par la police d'un adolescent de 17 ans dans le cadre de la guerre antidrogue. Sur Twitter, Agnès Callamard avait dénoncé un "meurtre" et réclamé une enquête, ajoutant que le décès du jeune garçon devait être "le dernier".
Yes, Pent Duterte, this is murder. All unlawful deaths must be investigated. To stop all murderers #Philippineshttps://t.co/WKKAyAE358
— Agnes Callamard (@AgnesCallamard) 24 août 2017
Le président philippin, coutumier des sorties ordurières en particulier à l'encontre de ceux qui critiquent sa campagne de répression, l'a visée personnellement. "Fille de p***, dites-lui ! Elle n'a pas intérêt à me faire peur, cette fille de p***. C'est une idiote ! D'où elle vient cette folle ?", a-t-il fulminé.
En apprenant sa nationalité française, Rodrigo Duterte a affirmé qu'en France, les gens étaient présumés coupables jusqu'à preuve du contraire. "Même chez elle, ça se passe comme ça. C'est une idiote. Chez eux, aux termes de la loi française, ils peuvent mettre quelqu'un en détention presque indéfiniment. Et la loi française dit qu'on est coupable et qu'on doit prouver son innocence. C'est comme ça que ça marche".
Parti en guerre contre les trafiquants de drogue. Avocat de formation, le président de 72 ans a aisément remporté la présidentielle de 2016 en promettant d'éradiquer le problème de la drogue dans l'archipel en faisant abattre des milliers de toxicomanes et de trafiquants présumés. Depuis son entrée en fonctions voici 14 mois, la police a annoncé avoir tué environ 3.500 personnes dans des opérations antidrogue. Plus de 2.000 autres personnes accusées par la police d'être mêlées à des affaires de drogue ont été tuées par des inconnus, selon les chiffres officiels. Des milliers d'autres ont été abattues dans des circonstances non élucidées, victimes, selon les défenseurs des droits de l'homme, de miliciens.