La justice française a émis un mandat d'arrêt international contre Abou Bakr al-Baghdadi, calife auto-proclamé du groupe État islamique (EI), et contre Abou Mohammed al-Adnani, ancien porte-parole, présumé mort, de l'organisation, a appris l'AFP vendredi de source judiciaire. Ces mandats d'arrêt ont été délivrés lundi par des juges antiterroristes dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 8 octobre pour "direction ou organisation d'association de malfaiteurs terroriste criminelle", a précisé cette source.
Abou Mohammed al-Adnani présumé mort
L'EI a revendiqué plusieurs attentats commis sur le sol français ces dernières années, dont ceux du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis. Un collectif d'avocates de victimes des attentats du 13-Novembre avait réclamé fin août aux juges d'instruction chargés des investigations qu'un mandat d'arrêt soit lancé contre le chef de l'EI, estimant qu'il était "a minima complice" de ces attaques, selon France Inter. Mais l'opportunité d'émettre un tel mandat a fait l'objet de débats dans le monde judiciaire, alors que les chances de voir les responsables du groupe État islamique effectivement remis à la justice française sont minimes.
La justice a finalement décidé d'ouvrir une enquête distincte de celle du 13-Novembre, qui touche à sa fin, pour examiner la responsabilité des deux dirigeants de l'EI dans la vague d'attentats djihadistes qui a touché la France depuis 2015. Proclamé en 2014 par Abou Bakr al-Baghdadi sur de vastes territoires en Irak et en Syrie, le "califat" a été déclaré éradiqué le 23 mars, mais le chaos sécuritaire de la région fait craindre une résurgence de l'organisation. La dernière apparition du calife al-Baghdadi remonte à une vidéo de propagande du 29 avril où il appelle ses partisans à continuer le combat, un peu plus d'une semaine après des attentats meurtriers au Sri-Lanka revendiqués par le groupe.
Le chef de l'EI, qui y apparaissait pour la première fois depuis cinq ans, avait promis que son organisation "se vengerait" pour ses membres tués et que le combat contre l'Occident était "une longue bataille". Abou Mohammed al-Adnani, ancien porte-parole officiel de l'EI et responsable de ses opérations extérieures, est pour sa part présumé mort : selon plusieurs sources, il a été tué le 30 août 2016 près de Al Bab, dans le nord-ouest de la Syrie à l'occasion d'un bombardement aérien.