L'escalade verbale entre les États-Unis et la Corée du Nord continue. "S'il attaque l'île de Guam, il va vraiment le regretter", a déclaré Donald Trump vendredi soir, en évoquant Kim Jong-Un. Donald Trump avait déjà menacé jeudi de recourir à la force contre le régime de Pyongyang ."Les solutions militaires sont complètement en place, et prêtes à l'emploi" a dit le président américain. Une surenchère sans fin qui inquiète la communauté internationale ; de Berlin à Pékin en passant par Moscou, les dirigeants des autres puissances mondiales appellent à la retenue.
Un président entêté et un dictateur imprévisible. "Nous sommes très inquiets", le risque de conflit est "très élevé […] mais nous gardons espoir". Voilà ce que déclarait hier le ministre russe des Affaires Etrangères, Sergueï Lavrov. Par sa voix le Kremlin appelle le président américain à faire le premier pas vers une désescalade : "Lorsqu'on en arrive presque à la bagarre, c'est à celui qui est le plus fort, et le plus intelligent, de faire un premier pas pour s'éloigner de la ligne dangereuse". Mais "Donald Trump n'écoute personne, et Kim Jong-Un est imprévisible" résume auprès d'Europe 1 un ancien ambassadeur américain aux Nations unies qui craint, lui aussi, un affrontement armé.
"L'escalade verbale est la mauvaise réponse". Un affrontement qui ne résoudrait rien, tente de convaincre la chancelière allemande, Angela Merkel. "Je ne vois aucune solution militaire à ce conflit. Il faut continuer le travail au Conseil de Sécurité des Nations unies, avec une coopération étroite entre les pays concernés, notamment les États-Unis et la Chine", estime la chancelière allemande, qui ajoute : "l'escalade verbale est la mauvaise réponse".
L'Elysée appelle à la "voie du dialogue". Dans un communiqué publié samedi, Emmanuel Macron a fait part "de sa préoccupation devant l'aggravation de la menace balistique et nucléaire en provenance de Corée du Nord, qui porte atteinte à la préservation de la paix et de la sécurité internationales". Il estime que "face à cette menace, la communauté internationale doit agir de façon concertée, ferme et efficace, comme elle vient de le faire au Conseil de sécurité, afin d'amener la Corée du Nord à reprendre sans condition la voie du dialogue". "Le régime nord-coréen est aujourd'hui engagé dans une escalade dangereuse, qui fait peser une menace sérieuse sur la sécurité de ses voisins, ainsi que sur la pérennité du régime international de non-prolifération", écrit encore l'Elysée.
Essais nucléaires et exercices militaires. Un responsable de la Maison-Blanche tempère pourtant, sous couvert d'anonymat. "Des plans militaires sont de toute façon prêts pour à peu près toutes les crises du globe. Il n'y a rien de nouveau pour la Corée" assure-t-il. Vendredi, les dirigeants chinois et russes ont à nouveau proposé un projet de règlement de la crise avec un gel des essais nucléaires nord-coréens, en échange d'un arrêt des exercices de l'armée américaine dans la zone, avec l'armée de Corée du Sud. Une proposition que rejette pour l'instant Washington. Une résolution pacifique du problème nucléaire nord-coréen est nécessaire, a estimé le président chinois Xi Jinping auprès de Donald Trump lors d'un entretien téléphonique, selon la télévision publique chinoise. "La partie concernée doit maintenant faire preuve de retenue, et éviter les mots et les actions qui exacerbent les tensions sur la péninsule coréenne", a déclaré le dirigeant chinois.
Le président américain a toutefois promis une "grande conférence de presse" lundi. La dernière - et unique - conférence de presse de Donald Trump seul face aux journalistes remonte au 16 février. Le 45e président des Etats-Unis, actuellement en vacances dans son golf de Bedminster dans le New Jersey, doit se rendre à New York en début de semaine et a prévu de faire un aller-retour à Washington lundi.