Le nombre de guerres civiles a plus que doublé depuis le début du siècle, créant des risques plus élevés pour les civils et de nouveaux défis pour les humanitaires, a estimé lundi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Dans un nouveau rapport, le CICR a également relevé que "davantage de groupes armés ont émergé au cours des 6 dernières années qu'au fil des 60 années précédentes", ce qui rend plus difficile de convaincre les combattants d'adhérer aux principes humanitaires de base.
Le CICR est l'organisation responsable du respect des Conventions de Genève, qui régissent le droit international humanitaire en temps de guerre. Son rapport, intitulé The Roots of Restraint in War (Les racines de la retenue dans la guerre), note qu'historiquement, le CICR se consacrait principalement aux armées nationales et aux groupes rebelles structurés pour faire entrer le droit humanitaire international dans leurs codes de conduite. Mais le document souligne que cette approche a besoin d'être actualisée pour répondre au changement de nature de ceux qui combattent.
Plus de 1.000 groupes armés actifs en Syrie en 2014. Entre 2001 et 2016, le nombre de "conflits armés non internationaux" (qui opposent les forces gouvernementales à des groupes armés non gouvernementaux, ou des groupes armés entre eux) est passé de 30 à plus de 70, a révélé le CICR. Le nombre de groupes luttant dans ces conflits a également changé de façon substantielle. "Seul un tiers des conflits en cours aujourd'hui n'impliquent que deux parties", alors que 44% de tous les conflits "voient s'opposer entre trois et neuf forces antagonistes", a précisé le CICR. Il en donne pour preuve la guerre en Libye. En octobre 2011, 236 groupes armés distincts étaient présents rien que dans la ville de Misrata et la Fondation Carter a recensé plus de 1.000 groupes armés actifs en Syrie en 2014.
Environnements changeants. L'un des co-auteurs du rapport, Brian McQuinn, a déclaré que les groupes armés sont aujourd'hui de plus en plus "organisés de façon fondamentalement différente". Autrefois, un groupe rebelle, comme par exemple les Maoïstes en Asie, aurait eu une structure calquée sur l'armée nationale contre laquelle il luttait. Mais le rapport constate que dans les environnements changeants propres aux conflits actuels, il est possible d'exercer une plus grande influence sur les groupes armés en leur inculquant une culture de retenue - en particulier le respect des civils - sur les champs de bataille modernes. "Vu le nombre croissant de groupes décentralisés présents sur les théâtres de conflit - souvent liés entre eux par des alliances versatiles -, il devient de plus en plus difficile, mais pas impossible, d'établir un dialogue avec toutes les parties et d'exercer une influence sur elles", souligne le rapport