Les Etats-Unis commencent à renvoyer au Mexique des demandeurs d'asile
Mardi, les Etats-Unis ont débuté l'application de leur plan "Rester au Mexique" en renvoyant des migrants alors que leurs dossiers de demande d'asile sont encore en cours d'examen.
Les Etats-Unis ont commencé mardi à renvoyer au Mexique des migrants demandant l'asile pendant l'examen de leur dossier par la justice américaine, dans le cadre d'une nouvelle mesure polémique du président Donald Trump.
"Une réponse à la crise de migration illégale". "A partir d'aujourd'hui, les Etats-Unis ont commencé à appliquer les Protocoles de protection des migrants. (...) Cette action est une réponse à la crise de migration illégale à laquelle les Etats-Unis sont confrontés à leur frontière sud", a expliqué l'ambassade américaine au Mexique dans un communiqué. Elle rappelle qu'en vertu de ces protocoles des migrants entrés illégalement "pourront être renvoyés au Mexique pendant la durée de leur procédure migratoire".
20 demandeurs d'asile reconduits par jour. Le gouvernement mexicain avait déclaré la semaine dernière qu'il "désapprouvait" cette mesure unilatérale des États-Unis, mais qu'il accueillerait ces migrants pour des raisons "humanitaires". Selon les autorités mexicaines, les États-Unis ramèneront chaque jour 20 demandeurs d'asile au poste-frontière de Tijuana et étendront éventuellement cette politique à d'autres points de passage le long des quelque 3.100 km de frontière qui séparent les deux pays. Cette mesure ne s'appliquera pas aux demandeurs d'asile mexicains, ni aux mineurs non accompagnés.
2.000% de hausse des demandes d'asile. Au cours des cinq dernières années, les demandes d'asile ont augmenté de 2.000%, "car beaucoup de migrants savent qu'en faisant une demande d'asile ils ont l'opportunité de rester aux Etats-Unis, même si leur demande d'asile n'est pas justifiée", explique l'ambassade américaine. Environ 90% des demandes d'asile sont rejetées par les juges et concernent en majorité des Centraméricains fuyant la pauvreté et la violence dans leur pays. Le système accumule de plus des retards énormes, avec 800.000 demandes d'asile en attente, selon les autorités américaines.
"Une idée horrible", dénonce un ONG. Annoncé en décembre, le plan "Rester au Mexique" du président Donald Trump a été vivement critiqué des deux côtés de la frontière. "C'est une idée horrible", s'insurge Melissa Crow, de l'ONG Southern Poverty Law Center, qui a déjà contesté en justice plusieurs décisions de Donald Trump en matière migratoire. "Ce n'es pas sûr pour beaucoup, voire pour la majorité, des demandeurs d'asile, d'attendre au Mexique. Beaucoup fuient la violence des cartels et les violences domestiques", explique-t-elle. "Il y a des cas de gens qui ont été poursuivis pendant qu'ils se trouvaient au Mexique", selon Melissa Crow.
La nouvelle politique "est non seulement illégale, mais pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour ceux qui souhaitent accéder à la procédure d'asile aux États-Unis, un droit inscrit dans le droit national et international", souligne de son côté Katie Shepherd, une avocate au sein de l'association d'aide juridique aux immigrés, American immigration council.