Les expulsions massives d'immigrés promises par Donamd Trump pourraient provoquer une réaction en chaîne

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avec AFP / Crédit photo : Logan Cyrus / AFP
C'est une des plus importantes promesses de campagne de Donald Trump : lancer la plus vaste opération d'expulsions d'immigrés en situation irrégulière de l'Histoire américaine. Mais le projet de ce projet risque de se heurter à une cascade plusieurs problèmes économiques et juridiques.

Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration illégale un des points centraux de sa campagne. Sa promesse la plus ambitieuse : lancer la plus vaste opération d’expulsions d’immigrés en situation irrégulière de l’histoire des États-Unis. Cependant, ce projet, qui pourrait concerner jusqu'à 13 millions de personnes, se heurte à de nombreux défis juridiques et économiques qui pourraient compliquer sa mise en œuvre.

Un projet confronté à des obstacles juridiques majeurs

Selon Stephen Yale-Loehr, professeur de droit de l'immigration à l'université de Cornell, l'application de ce plan buterait rapidement sur des protections juridiques inscrites dans la Constitution américaine. "Le discours est une chose, et l'application en est une autre", explique-t-il. En effet, même si Donald Trump souhaite expulser massivement des étrangers en situation irrégulière, ces derniers ne peuvent être renvoyés sans avoir d'abord eu droit à un jugement. En vertu de la Constitution, ils doivent être présentés devant un juge d'immigration, une procédure qui est déjà sous pression avec 3,6 millions de dossiers en attente et seulement 700 juges pour les traiter.

Des coûts logistiques et bureaucratiques dimportants

La mise en œuvre d'une opération d'expulsion à grande échelle nécessiterait une mobilisation colossale de ressources humaines et matérielles. En plus de la création de nouveaux tribunaux et de l'embauche de milliers de juges, il serait nécessaire d'augmenter considérablement les effectifs de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) pour effectuer les arrestations, ainsi que de construire des centres de détention supplémentaires. Une estimation d'un rapport de l'ONG American Immigration Council évalue le coût de ce projet à 88 milliards de dollars par an, soit un total de près de 967,9 milliards de dollars sur dix ans. "Rien que l'appareil bureaucratique nécessaire prendra du temps et de l'argent", souligne Stephen Yale-Loehr.

Les conséquences économiques d'une telle opération d'expulsion seraient également dévastatrices. Selon plusieurs études économiques, la réduction drastique de la main-d'œuvre, particulièrement dans les secteurs à forte dépendance à l'immigration comme l'agriculture ou la construction, entraînerait une augmentation des salaires, mais aussi une hausse de l'inflation. L'American Immigration Council prévoit ainsi une contraction du PIB américain de 4,2 % à 6,8 %, une baisse comparable à celle observée lors de la récession de 2007-2009.

Malgré les difficultés économiques et logistiques, Donald Trump pourrait s'appuyer sur des mesures plus immédiates pour expulser les personnes en situation irrégulière déjà visées par des ordres de déportation définitifs. Nayna Gupta, directrice de la politique de l’American Immigration Council, estime qu'une partie du projet pourrait être appliquée de manière "décentralisée par les autorités locales et étatiques, en particulier pour les 1,5 million de personnes sous surveillance active". Ce dispositif pourrait permettre des expulsions "à n'importe quel endroit du pays", sans attendre la mise en place d'une infrastructure fédérale complète.

Le recours à l'armée : une option controversée

Une autre voie envisagée par certains proches de Trump serait d’utiliser l’armée pour soutenir les opérations d’expulsion. Ce recours à la force militaire pour des opérations de maintien de l’ordre soulèverait toutefois de nombreuses questions juridiques et pourrait être contesté devant les tribunaux, d’autant plus qu’il pourrait être perçu comme une militarisation de la gestion de l'immigration.

Malgré les déclarations du nouveau Président des Etats-Unis et de ses alliés sur la nécessité d'expulsions massives, plusieurs obstacles politiques subsistent. "Le système de contrôle de l'immigration est déjà sous pression, et même avec une majorité républicaine, il serait difficile de convaincre le Congrès d’allouer les ressources nécessaires à une telle opération", explique Yale-Loehr. Il semble peu probable que la volonté politique pour une telle opération dépasse la réalité des coûts et des complications juridiques, surtout face à une opinion publique de plus en plus divisée sur la question de l'immigration.