Par dizaines de milliers, les Libanais sont descendus dimanche dans la rue pour réclamer le départ d'une classe politique jugée inapte et corrompue, au quatrième jour d'un mouvement de contestation inédit dans un pays éprouvé par de longues années de difficultés économiques.
"Le peuple veut la chute du régime"
Le mouvement, qui a gagné de nombreuses villes y compris la capitale Beyrouth et paralysé le pays, semble avoir été déclenché de manière spontanée jeudi après l'annonce d'une taxe, sur des appels effectués via WhatsApp. Une taxe annulée aussitôt sous la pression de la rue. Mais les manifestations, rassemblant des ouvriers, des universitaires, des commerçants, des étudiants, des jeunes et des moins jeunes, et de toutes les confessions, n'ont pas cessé depuis, jour et nuit.
De Tripoli et Akkar, dans le nord, à Baalbeck dans l'est en passant par de nombreuses localités côtières et jusqu'à Tyr et Saïda dans le Sud et le Chouf dans l'Est, les Libanais ont défilé pour exprimer leur ras-le-bol. Sous une nuée de drapeaux libanais, les manifestants crient "Révolution, révolution" ou "le peuple veut la chute du régime", slogans phares du Printemps arabe.
Depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), la classe politique, quasi inchangée, est accusée d'affairisme dans un pays aux infrastructures en déliquescence -pénurie chronique d'électricité et d'eau potable- et où la vie est chère.
Saad Hariri pourrait démissionner
Un ultimatum à lundi a été fixé par le Premier ministre Saad Hariri pour avoir l'approbation définitive des membres de sa coalition gouvernementale, minée par les divisions à un plan de réformes. Saad Hariri avait insinué qu'il pourrait démissionner s'il ne réussit pas à faire passer ses réformes. Or, sa coalition est dominée par le camp du président Michel Aoun et de ses alliés - dont le Hezbollah, opposés à une démission.
Allié de Saad Hariri, le parti des Forces Libanaises a lui annoncé samedi la démission de ses quatre ministres, une initiative accueillie dans la liesse par les manifestants.