Dimanche s’est tenue la conférence de Berlin sur la Libye, avec, entre autres, Emmanuel Macron, Vladimir Poutine, Boris Johnson, Recep Tayip Erdogan. Tous les participants se sont engagés à respecter l’embargo sur les armes et à ne plus s’impliquer dans la guerre. En revanche, le chef du gouvernement de Tripoli et son rival, le maréchal Haftar ont quitté Berlin sans s’être parlé. Entre les deux entités, le dialogue est au point mort. Pour l’éditorialiste Vincent Hervouët, cette conférence était avant tout une tentative de résurrection d’Angela Merkel sur la scène internationale.
Des négociations nomades qui n'aboutissent pas
"On a beaucoup de mal à croire que les Turcs rappellent le millier de djihadistes qu’ils ont acheminés discrètement de Syrie en Libye, avec armes et bagages et chacun 2.000 dollars par mois. De l’autre côté, les Russes n’ont pas à rapatrier les mercenaires du groupe Wagner qui épaulent le maréchal Haftar puisqu’ils nient effrontément leur existence.
Bref, la conférence de Berlin rappelle celles qui se sont déjà tenues à Skirat au Maroc, à Palerme en Italie, à La Celle-Saint-Cloud près de Paris, à Tunis il y a quinze jours, à Moscou, la semaine dernière, à Genève dans huit jours et j’en oublie. Des mirages mais du genre solennel. En général, les négociations qui nomadisent un peu partout n’aboutissent nulle part.
Pourquoi Angela Merkel s'est-elle impliquée dans cette conférence ?
En dehors de l’Afrika Corps de Rommel, l’Allemagne ne s’est jamais intéressée à la Libye. Elle ne l’a pas colonisée. Elle n’a pas fait la guerre à Kadhafi. La semaine dernière encore, elle refusait d’engager des combattants au Sahel. Mais Angela Merkel sort de son hibernation. Elle veut de la lumière. Elle prétend faire mieux que le Conseil de sécurité.
Dimanche, elle avait convié onze pays, l’Union européenne, l’Union africaine, la Ligue arabe, tout le monde sauf les voisins tunisiens et marocains directement concernés. Quant aux Libyens eux mêmes, ils ont refusé de s’asseoir et sont partis sans rien signer. Ils vont continuer tueries et palabres, trafic de migrants et de pétrole, pendant que Berlin réinvente la Société des Nations."