L'opposant russe Alexeï Navalny a accusé le président Vadimir Poutine d'être "derrière" son empoisonnement du 20 août, dans sa première interview publiée depuis qu'il est sorti de l'hôpital allemand où il a été soigné. "J'affirme que Poutine est derrière cet acte, je ne vois pas d'autres explications", a-t-il déclaré à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui a publié jeudi matin des extraits de l'entretien sur son site internet.
"Je n'ai pas peur"
Selon l'hebdomadaire allemand, il confirme aussi dans l'interview, dont l'intégralité doit être diffusée plus tard dans la journée, son intention de revenir en Russie une fois guéri. "Je ne ferai pas le cadeau à (Vladimir) Poutine de ne pas retourner en Russie", a-t-il déclaré, assurant que son objectif "est de retrouver la forme aussi vite que possible, pour pouvoir rentrer". "Mon devoir est à présent de rester comme je suis, quelqu'un qui n'a pas peur. Et je n'ai pas peur !", affirme aussi le principal opposant au Kremlin.
Le président de la chambre basse du parlement russe, la Douma, a réagi et accusé jeudi l'opposant Alexeï Navalny de travailler pour des services secrets occidentaux, tout en affirmant que Vladimir Poutine lui avait "sauvé" la vie" et non orchestré son empoisonnement. "Navalny n'a aucune honte, c'est un scélérat. Poutine lui a sauvé la vie (...), il est clair que Navalny travaille avec les services spéciaux et les autorités de pays occidentaux", a déclaré dans un communiqué Viatcheslav Volodine.
Moscou rejette toutes les accusations
Infatigable militant de la lutte contre la corruption et critique féroce du Kremlin, Alexeï Navalny, 44 ans, est tombé gravement malade le 20 août à bord d'un avion en Sibérie, alors qu'il était en campagne électorale. Trois laboratoires européens ont conclu à son empoisonnement avec un agent neurotoxique de type Novitchok, conçu à des fins militaires à l'époque soviétique, et les capitales occidentales ont dès lors appelé la Russie à s'expliquer et à enquêter. Moscou rejette toutes les accusations.
Alexeï Navalny est sorti il y a une semaine de l'hôpital berlinois de la Charité, où il a été soigné pendant un mois. Il poursuit désormais sa convalescence en Allemagne qui, selon sa porte-parole, prendra "beaucoup de temps".