Une grande première, après deux ans de pandémie. Le pape François a célébré ce dimanche la messe de Pâques. À midi, il a prononcé sa traditionnelle bénédiction de Pâques Urbi et orbi. Un message très politique sur l'Ukraine, avec un appel à la paix adressé aux nations. Le pape a répété le mot "paix" plus d'une vingtaine de fois dans son message pascal. Mais François a livré un message empreint surtout d'amertume et de tristesse. "Nous avons vu trop de sang, trop de violence", a-t-il lancé depuis la loggia de la basilique, ce petit balcon qui donne sur la place Saint-Pierre où s'étaient réunies tout à l'heure 50.000 personnes.
Ce sont des paroles qui étaient surtout adressées à l'Ukraine, aux Ukrainiens, à ces "frères et sœurs" qui "ont dû s'enfermer pour se protéger des bombes". Il regrette qu'il y ait "encore en nous l'esprit de Caïn, qui regarde Abel non comme un frère, mais comme un rival, et réfléchit à la manière de l'éliminer". Pour le pape, ce Caïn n'est pas seulement la Russie, mais tous les agresseurs autour du monde, partout où les gens souffrent d'un conflit.
Moscou n'est pas mentionné dans ce message pascal, mais on le devine derrière quelques passages. Lorsque François mentionne la "haine fratricide", par exemple, ou encore lorsqu'il implore que l'on cesse de "montrer nos muscles pendant que les gens souffrent". Le pape tente aussi de nous mettre à contribution en exhortant les populations à ne pas oublier les déplacés et les réfugiés. Il demande aussi de ne pas nous habituer à cette guerre.
Un appel à la mobilisation générale
Dans son Urbi et orbi, François a demandé une mobilisation générale. Il "a même appelé à la manifestation", confirme Frédéric Mounier, ancien correspondant de La Croix à Rome, invité d'Europe Midi week-end. "Engageons-nous tous à réclamer la paix depuis nos balcons et dans les rues", a notamment dit le souverain pontife. Un message qui n'est pas rare pour ce dernier, dont le pontificat a commencé il y a huit ans.
Lorsqu'il affirme que l'on doit arrêter de "montrer nos muscles pendant que les gens souffrent", est-ce uniquement un symbole religieux, ou également un message du chef de l'État du Vatican ? Pour Frédéric Mounier, "c'est les deux à la fois" : "Il y a une semaine, à l'occasion du dimanche des Rameaux", François a "lancé un appel à la trêve, manifestement pas entendu". Le journaliste rappelle par ailleurs que l'invasion russe en Ukraine est "menée en 'collaboration' avec son ami le patriarche Kirill de Moscou".
"Ne pas jouer une guerre des chrétiens contre les chrétiens"
Tout l'enjeu pour le pape réside à "être extrêmement politique et fin, et de ne pas jouer une guerre des chrétiens contre les chrétiens" alors que "Vladimir Poutine et le patriarcat de Moscou font tomber des bombes sur des frères orthodoxes", alors que les églises orthodoxes ukrainiennes "sont très dégagées de Moscou", analyse l'auteur de Le pape qui voulait changer l'Église, puisqu'il "y a eu une scission il y a quelques années".
Le dialogue entre le Vatican et le patriarcat de Moscou "est extrêmement difficile puisque le patriarche Kirill met en cause l'ensemble de l'Occident comme étant un Occident dévergondé, ce qu'il appelle l'Occident de la gay pride", rappelle encore l'ancien correspondant de La Croix.