Emmanuel Macron a appelé mardi, dans un discours devant le Parlement marocain à Rabat, à une "coopération naturelle et fluide" avec le Maroc contre "l'immigration illégale", et à "davantage encore de résultats" en la matière. Le président français a estimé que le "partenariat d'exception renforcé" conclu la veille avec le roi Mohammed VI devait notamment porter sur "l'immigration illégale et la nécessité d'une coopération naturelle et fluide en matière consulaire".
Il faisait allusion à la volonté de la France que le Maroc reprenne plus facilement ses ressortissants que les autorités françaises décident d'expulser. "Nous avons besoin de davantage encore de résultats", a-t-il ajouté, évoquant également la "lutte contre les trafics de toute nature", notamment le "narcotrafic", qui "nécessite une coopération judiciaire très étroite et encore plus rapide".
Le sujet de l'immigration est un irritant traditionnel entre Paris et Rabat, alors que le nouveau ministre de l'Intérieur français Bruno Retailleau souhaite notamment conditionner la politique de visas à la délivrance des laissez-passer consulaires, documents indispensables pour renvoyer des étrangers dans leur pays d'origine. M. Retailleau doit tenir mardi après-midi une conférence de presse avec son homologue marocain Abdelouafi Laftit en marge de la visite d'Etat d'Emmanuel Macron a Rabat.
>> LIRE AUSSI - Au Maroc, Emmanuel Macron accompagné par des personnalités loin de la «République exemplaire» qu'il promet
238.000 visas accordés en 2023
Début octobre, le ministre avait cité l'exemple du Maroc: en 2023, 238.000 visas ont été accordés aux ressortissants marocains pour seulement 1.680 retours forcés sur leur sol. Le royaume est selon lui "un pays sûr" où l'on peut "accélérer un certain nombre de réadmissions".
Cette volonté s'inscrit dans un contexte politique sensible en France où un débat a encore récemment ressurgi sur la question des expulsions de migrants en situation irrégulière, après l'arrestation en septembre d'un Marocain suspecté du meurtre d'une étudiante et qui était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF).
Au-delà de l'immigration illégale, M. Macron a également plaidé mardi devant le Parlement marocain pour "jeter les bases d'une circulation naturelle des personnes afin de faire bien davantage ensemble en matière de recherche de projets, de création d'entreprises, comme autant d'opportunités offertes à ces talents".
"Des initiatives bienvenues ont été prises ces derniers mois, notamment à l'intention des alumni (étudiants, ndlr) marocains de l'enseignement supérieur français, qui reçoivent désormais automatiquement un visa de circulation. Il nous faut continuer de viser plus haut et je souhaite avec le Maroc, faire une expérimentation pilote en la matière", a-t-il ajouté, sans détailler davantage.