La Française Mélina Boughedir a été condamnée dimanche par la justice irakienne à la prison à perpétuité pour appartenance à l'Etat islamique. La jeune femme de 27 ans, mère de quatre enfants, dont trois ont déjà été rapatriés en France, risquait la peine de mort. Mais pour Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des Droits de l'Homme, ce procès avait tout l'air d'un simulacre de justice.
"Ce procès n'a duré qu'une heure". "On ne peut pas faire confiance aux tribunaux de Bagdad. Il suffit de voir les conditions dans lesquelles s'est déroulé ce procès. Il n'y a pratiquement pas d'instruction, et l'avocat irakien qui défendait Mélina n'a pas eu accès au dossier", détaille l'avocat, invité de la Matinale d'Europe 1 lundi. Il poursuit : "Ce procès n'a duré qu'une heure. Et encore, c'est exceptionnel, puisque normalement c'est une demi-heure. Ce n'est pas tout à fait ce qu'on appelle le droit au procès équitable".
Le "feu vert" de Le Drian aux autorités irakiennes". Le ministère des Affaires étrangères a pris acte de cette condamnation, et a assuré respecter la souveraineté des juridictions irakiennes. "Sur le principe, oui, l'Irak est un État souverain. Mais on est en présence d'une citoyenne française. La position française est absolument inacceptable", dénonce Me Baudouin. "Elle fait comme si c'était une justice équitable. Or, on sait très bien que ce n'est pas le cas. Quand Monsieur Le Drian vient dire que Mélina est une terroriste, combattante de Daech, il la condamne. Il a donné un feu vert absolu aux autorités irakiennes", souligne-t-il. "Il faut bien comprendre qu'on est dans un domaine beaucoup plus politique que judiciaire. [Jean-Yves-Le Drian] a contribué incontestablement à cette condamnation, qui reste lourde même si ce n'est pas la peine de mort".
La France "abandonne ses principes". Pour Me Patrick Baudouin, "le comportement des autorités françaises, qui avalisent tout ce qui se passe en Irak parce qu'elles ne veulent pas ce retour des Français partis faire le djihad, c'est tout à fait incompréhensible". Il dénonce fermement la preuve d'une "perte de repères, d'une perte de valeurs." Pour lui, la France "abandonne ses principes pour une petite tranquillité tout à fait passagère".