Fragilisé par les mauvaises performances de ses poulains aux élections de mi-mandat, Donald Trump ne semble pas décidé à renoncer à son grand retour sur la scène politique : l'ex-chef d'État devrait annoncer mardi sa candidature à la présidentielle de 2024. Connu pour son caractère imprévisible, Donald Trump, qui flirte depuis des mois avec l'idée de se représenter, pourrait encore changer de calendrier à la dernière minute. Une reculade serait toutefois difficile tant il a fait monter les attentes. Ce discours "sera probablement le plus important de l'histoire des États-Unis", a ainsi déclaré le magnat de l'immobilier, toujours friand de superlatifs, dans un message à ses partisans.
La "vague géante" prédite ne s'est pas matérialisée
Arrivé au pouvoir en 2016 en créant la plus grande surprise politique moderne, Donald Trump avait bafoué tous les usages pendant sa présidence avant de quitter Washington après sa défaite face à Joe Biden - qu'il n'a jamais reconnue. Cette nouvelle candidature serait donc sa troisième à la Maison Blanche. Les rumeurs avaient enflé ces dernières semaines sur une annonce imminente, le septuagénaire étant déterminé à surfer sur le succès pressenti des républicains aux élections du 8 novembre pour reconquérir le pouvoir. Mais la "vague géante" prédite avec beaucoup d'aplomb par les conservateurs ne s'est pas matérialisée, loin de là.
Le parti du président Biden s'est assuré ce week-end de garder le contrôle du Sénat. Les républicains ont toujours bon espoir de reprendre la Chambre des représentants aux démocrates, mais ont dû significativement revoir leurs ambitions à la baisse, après avoir rêvé d'une supermajorité de plus de 60 sièges.
"C'est la troisième élection de suite que Donald Trump nous fait perdre"
Cette performance plus que mitigée du camp républicain, notamment de la part de candidats adoubés par Donald Trump, a mis en doute sa réputation de faiseurs de rois. Plusieurs voix influentes dans le camp conservateur ont d'ailleurs immédiatement appelé à un changement de garde au sein du "Grand Old Party", jetant une ombre sur ses projets présidentiels. "C'est la troisième élection de suite que Donald Trump nous fait perdre", dénonçait dimanche le gouverneur du Maryland Larry Hogan, sur CNN. "La définition de la folie c'est de faire la même chose et de s'attendre à un résultat différent", a-t-il poursuivi.
"Le scrutin a été truqué", "il faut organiser une nouvelle élection immédiatement", a balayé Donald Trump sur son réseau social, rejouant une partition bien connue, à laquelle adhèrent encore des millions de ses partisans. Car le magnat de l'immobilier conserve une popularité indéniable auprès de sa base, une marée de casquettes rouges qui continue d'affluer à ses meetings de campagne. Les sondages le donnent jusqu'ici toujours gagnant d'une primaire républicaine.
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Donald Trump face à quelques obstacles
L'annonce de mardi est d'ailleurs largement perçue comme une façon de couper l'herbe sous le pied de ses potentiels rivaux républicains, nommément le gouverneur de Floride Ron DeSantis, nouvelle star de la droite dure, vers qui une partie de la nébuleuse conservatrice a commencé à se tourner.
Autre obstacle qui pourrait compliquer l'ascension de Donald Trump vers la Maison Blanche : ses nombreux ennuis judiciaires, qui pourraient finir par le disqualifier. L'ancien président est visé par plusieurs enquêtes pour son rôle dans l'attaque contre le siège du Congrès le 6 janvier 2021 ou sa gestion des archives de la Maison Blanche. Mais en s'appuyant sur un "instinct" toujours mis en avant, Donald Trump, dont la chute a été mille fois annoncée, a jusqu'ici survécu à tous les scandales. Comme si, à force d'accumulation, ils n'avaient plus prise sur lui.
L'élection de 2024 pourrait alors tenir du remake de celle de 2020, l'actuel président démocrate Joe Biden, ayant réaffirmé mercredi son "intention" de briguer un deuxième mandat. Mais lui a pris soin de repousser toute décision définitive à l'année prochaine, la perspective n'enchantant pas tous les démocrates en raison de son âge (près de 80 ans) et de son impopularité.