Mort de Jimmy Carter : que faut-il retenir du mandat du 39e président des États-Unis ?
Jimmy Carter ne fera qu'un unique mandat, entre 1977 et 1981, boudé par des électeurs insatisfaits de sa politique, notamment sur sa gestion de la crise des otages en Iran. Pourtant, le 39e président des États-Unis s'est particulièrement illustré sur le plan international. Son héritage diplomatique est indéniable.
Si son passage à la Maison Blanche a longtemps été occulté, Jimmy Carter a su reconquérir son peuple dans les années qui ont suivi. Mort à l'âge de 100 ans ce dimanche 29 décembre, dans la petite ville de Plains en Géorgie où il est né en 1924, il était le "meilleur ancien président américain", a écrit le Times.
Nombreux sont ceux qui saluent un homme de paix, si bien que ses engagements lui vaudront d'être prix Nobel de la Paix en 2002. Mais après son mandat marqué par les crises, son héritage politique est aussi largement réévalué.
Premier accord de paix israélo-arabe
"Pour tous ceux qui cherchent à savoir ce que cela veut dire de vivre une vie qui a un but et un sens (...) étudiez Jimmy Carter, un homme de principe, de foi et d'humilité", a déclaré Joe Biden dans un communiqué, en annonçant une journée de deuil national le 9 janvier prochain. Droits des hommes, démocratie... Après avoir cédé le pouvoir, il œuvrera au service de nombreuses causes, s'attirant une grande popularité notamment auprès des jeunes.
Mais contrairement au portrait dressé d'un président inefficace à l'issue de son mandat, Jimmy Carter a permis de grandes avancées lorsqu'il était à la tête de l'État, comme la signature des accords de camp David conclus le 17 septembre 1978 entre l'Égypte et Israël. Ces derniers précèdent au premier traité entre l'État hébreu et un pays arabe.
Une "avancée monumentale" pour la stabilité régionale, a souligné Robert Strong, professeur à la Washington and Lee University, interrogé par l’AFP. Pour Jimmy Carter c'est une victoire personnelle, étant parvenu à mettre d'accord le président égyptien, Anouar al-Sadate, et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, contre l'avis de ses propres conseillers ne croyant pas au succès de l'opération.
Canal du Panama
L'autre grande réussite de Jimmy Carter en tant que président des États-Unis fut sa signature du traité de 1977 sur le Canal du Panama. En rétrocédant au Panama le contrôle complet du canal, point de passage maritime stratégique qui relie les océans Pacifique et Atlantique, ce pacte garantissait un apaisement avec l'Amérique latine, alors que les tensions étaient vives dans la région.
Une décision diplomatique encore saluée aujourd'hui, notamment par le président actuel du Panama, José Raul Molino, rendant hommage, après sa disparition, à celui qui a permis la restitution de "la pleine souveraineté de notre pays". Toutefois, la récente élection de Donald Trump marque une rupture avec son héritage, le futur locataire de la Maison Blanche ayant fait la promesse de reprendre le contrôle du canal du Panama.
Un "progressiste conservateur"
Outre son action sur le plan diplomatique, il est connu pour avoir notamment libéralisé l'industrie du transport aérien et bien d'autres. Celui qui se décrivait souvent comme un "progressiste conservateur" fut le véritable "Grand déréglementateur", souligne le Times. Selon le journal, "il a transformé la régulation gouvernementale de l’économie plus que tout autre président moderne", dans un contexte où l'Amérique fait face à un défi économique majeur dans les années 1970. Mais face à la stagflation, Jimmy Carter est convaincu que la déréglementation est la solution.
Alors que le transport aérien est régi par les accords de la convention de Chicago, il fait adopter en 1978 l'"Airline Deregulation Act" qui instaure la liberté des tarifs, le choix des lignes et des horaires. Par la suite, Jimmy Carter travaille à la libéralisation de nombreux secteurs, de l’énergie au transport routier.
L’adoption du "Motor Carrier Act" en 1980, a ainsi permis aux entreprises de transport routier de choisir leurs propres itinéraires. "Les nouvelles efficiences et la concurrence accrue ont finalement réduit les coûts de transport d’un tiers, ce qui a profité à toutes les catégories de biens produits ou vendus en Amérique", précise le Times.