Si la liste des candidatures – il y en a 273 cette année – sera tenue secrète pendant cinquante ans, les pronostics vont bon train sur le futur lauréat du prix Nobel de la paix 2015 qui sera décerné vendredi matin.
Les noms d'Angela Merkel ou de John Kerry, par exemple, circulent depuis plusieurs semaines. Mais plus qu’une personnalité, le Nobel pourrait mettre à l’honneur une cause comme la gestion de la crise migratoire, les négociations sur le nucléaire iranien ou encore la signature d’un accord entre les Farc et le gouvernement colombien. Les avancées en matière de paix n’ont pas manqué cette année.
Voici la liste des potentiels lauréats de ce prix :
La gestion de la crise des migrants, Angela Merkel et le HCR. L’un des noms plébiscités par les experts est celui de la chancelière allemande. Selon le directeur de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo Kristian Berg Harpviken, le nom d’Angela Merkel s’impose. Elle "est celle qui a vraiment pris le leadership moral", affirme-t-il.
Plusieurs experts jugent cependant que la lumière mériterait d'être projetée, plutôt, sur la crise migratoire qui a vu, depuis le début de l'année, plus de 630.000 personnes fuir les conflits.
Le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), déjà lauréat en 1954 et en 1981, et le prêtre catholique érythréen Mussie Zerai, qui contribue à sauver des migrants cherchant à traverser la Méditerranée, ont, eux, les faveurs de Nobeliana, collectif d'historiens spécialistes du Nobel.
Les avancées sur le nucléaire iranien, John Kerry et Javad Zarif. En Iran, les grandes puissances et le régime sont parvenus à un accord-clé en juillet permettant d'éviter que ce pays se dote de la bombe nucléaire, moyennant une levée des sanctions à son encontre. "Je pense que le travail du comité Nobel (...) est subitement devenu plus facile", avait alors tweeté l'ancien ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt.
I think the work of the Nobel Committee of the Norwegian Parliament this year just got much easier.
— Carl Bildt (@carlbildt) July 14, 2015
Le prix pourrait aller aux principaux artisans de l'accord, les chefs de la diplomatie américaine John Kerry et iranienne Javad Zarif, avec "peut-être" la patronne de la diplomatie européenne Federica Mogherini ou Catherine Ashton qui l'a précédée à ce poste, selon Peter Wallensteen, professeur à l'université suédoise d'Uppsala.
La paix en Colombie. Autre percée récente, en Colombie, le gouvernement et la guérilla des Farc ont franchi le mois dernier une étape décisive avec accord sur la justice et se sont engagés à signer un accord de paix final avant le 23 mars 2016.
Mais, comme dans le cas de l'accord iranien, un Nobel au président Juan Manuel Santos et au chef de la rébellion Timoleon Jimenez pourrait être "un peu prématuré", tempère Asle Sveen, un membre de Nobeliana.
Les autres pistes : le Pape, Denis Mukwege, la liberté d’expression. Parmi les autres candidatures, on retrouve des habitués comme le pape François pour son engagement pour la justice sociale et l'environnement, ainsi que le médecin Denis Mukwege qui soigne les femmes violées dans l'est de la RDC.
Malmenée cette année de Paris (attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier) à Copenhague (attentat contre un centre culturel en mars), la liberté d'expression est aussi en lice avec le Danois Flemming Rose, qui avait publié les caricatures de Mahomet dans le journal Jyllands-Posten en 2005, le blogueur saoudien Raef Badaoui, condamné à être emprisonné et fouetté, et le lanceur d'alerte controversé Edward Snowden.
Le comité Nobel peut aussi sortir un autre nom de son chapeau. Réponse vendredi à 11 heures.