Le Parlement européen a demandé mardi à la Commission de légiférer contre l'obsolescence programmée, par laquelle les industriels commercialisent sciemment des produits à faible durée de vie et non réparables. Cette pratique entraîne la mise au rebut d'énormes quantités de smartphones et autres appareils électroménagers usagés.
"Une société du déchet". Il est urgent d'agir pour "sortir d'une logique d'une société du déchet, du jetable et du gaspillage", a résumé le rapporteur du texte, l'élu écologiste français Pascal Durand. À ce stade, aucun projet législatif européen n'est sur les rails pour s'attaquer à ce problème mais le Parlement a justement fait usage de son droit d'initiative pour réclamer à la Commission qu'elle s'y attelle. Cela devrait passer par "l'adoption de critères de résistance minimum couvrant entre autres la robustesse, la réparabilité et l'évolutivité pour chaque catégorie de produit dès sa conception", estiment les eurodéputés dans leur résolution, non contraignante.
L'exemple de la Suède. Il faudrait "décourager, sauf pour des raisons de sécurité", la pratique consistant à rendre inamovibles certains composants essentiels des appareils tels que les batteries et LED, de sorte qu'on est obligés de jeter l'appareil lorsqu'un de ces composants est en panne, soulignent encore les députés. "Quand on jette, quand on remplace et quand on ne répare plus les produits qu'on achète, on cause la perte d'un savoir-faire, d'un artisanat, la perte également de métiers de la 'réparabilité' et du service. Ce sont des dizaines de milliers d'emplois qui ont disparu sur le continent européen", a encore argumenté M. Durand, qui a appelé à prendre exemple sur la Suède où la fiscalité incite à privilégier la réparation.
Un "choix" pour les consommateurs. "Je suis sûr que beaucoup d'entre nous ont été frustrés en constatant qu'un appareil ménager était tombé en panne mais que le faire réparer coûte autant, sinon plus, que d'en racheter un neuf", a souligné de son côté le commissaire Vytenis Andriukaitis, au nom de l'exécutif européen. "Entre garder un produit pendant 20 ans et acheter la dernière version, il y a des compromis à faire en termes de coûts, énergie et consommation de ressources", a dit le commissaire. "Mais les consommateurs doivent avoir le choix et la possibilité de conserver un produit plus longtemps", a-t-il ajouté, sans préciser cependant si l'exécutif européen comptait légiférer sur cette question.