La Turquie ne fera "pas marche arrière" dans son offensive contre une milice kurde dans le nord de la Syrie, a assuré lundi le président Recep Tayyip Erdogan, ajoutant que l'opération était menée "en accord" avec Moscou. "La question d'Afrine sera réglée, il n'y aura pas de marche arrière à Afrine. Nous en avons parlé avec nos amis russes, nous avons un accord", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à Ankara. Ces déclarations surviennent alors que plusieurs pays, dont la France, ont exprimé leur inquiétude face à l'ouverture d'un nouveau front dans le conflit en Syrie.
Des frappes aériennes. L'armée turque a lancé samedi une vaste opération dans la région d'Afrine, dans le nord de la Syrie, multipliant les frappes aériennes et les bombardements d'artillerie contre les positions des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde. Moscou n'a pas officiellement confirmé qu'un accord existait avec Ankara, et a même appelé la Turquie à la "retenue". Mais nombre d'analystes estiment qu'une offensive majeure ne peut être lancée en Syrie sans l'aval de la Russie, qui contrôle l'espace aérien dans le nord de ce pays et a retiré la semaine dernière ses troupes qui étaient déployées à Afrine.
Une opération "contre les organisations terroristes". La Turquie accuse cette milice kurde syrienne d'être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984. Mais les YPG sont aussi l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par les Etats-Unis pour combattre le groupe Etat islamique dans le nord de la Syrie. "L'opération à Afrine n'est pas menée contre nos frères kurdes. C'est une opération pour lutter contre les organisations terroristes", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lundi. "L'opération d'Afrine prendra fin une fois que les objectifs seront atteints", a-t-il ajouté.
Une relation toujours tendue avec les Etats-Unis. Le chef de l'Etat turc a également critiqué les Etats-Unis, alors que les relations entre Ankara et Washington, partenaires au sein de l'Otan, n'ont cessé de se dégrader au cours des derniers mois. "L'Amérique nous dit 'la durée (de l'opération) doit être limitée, il ne faut pas qu'elle soit trop longue (…) Comment osez-vous nous dire cela ?", a lancé Recep Tayyip Erdogan. "Nous partirons quand le travail sera terminé, nous n'avons pas l'intention de rester".