Une course contre la montre. C'est à quoi s’attèlent ONG et secours pour venir en aide aux victimes après le passage en début de semaine de l'ouragan Matthew à Haïti. Malgré l'anticipation, les ONG s'inquiètent des risques sanitaires ainsi que de l'acheminement des vivres et des médicaments, six ans après le terrible tremblement de terre qui a fait 230.000 morts.
Quel bilan humain ? Selon les autorités du pays, l'ouragan, le plus violent à frapper les Caraïbes depuis plus de dix ans, a fait 339 morts. Le sénateur du sud de l'île, Hervé Fourcand, dénombrait lui, pour son seul département, plus de 300 morts. En milieu d'après-midi, des responsables haïtiens ont indiqué que le bilan fait désormais état de 478 morts.
D'après les Nations Unies, plus d'un million et demi de personnes ont été affectées par le passage de Matthew et 350.000 ont besoin d'une aide humanitaire. L'Unicef estime elle à 5 millions de dollars (4,5 millions d'euros) le montant nécessaire pour répondre aux besoins immédiats des enfants. "Nous gardons espoir, mais nous nous préparons au pire", explique dans un communiqué le représentant en Haiti, qui rappelle que 500.000 enfants vivent dans les zones les plus touchées.
Quelles sont les zones touchées ? C'est essentiellement le sud de l'île qui a été le plus ravagé. A Jeremie, le chef-lieu du département méridional de Grande Anse, qui compte 30.000 habitants, 80% des bâtiments sont détruits, selon l'ONG Care. "C'est une catastrophe de grande ampleur", témoigne cette ONG auprès d'Europe 1. "Les 5 centres d'hébergement d'urgence que l'on a mis en place avant l'ouragan sont en surcapacité. Nous avons dû installer en 48 heures 25 centres de fortune dans cette ville".
Cayes, la troisième ville du pays, a elle été largement inondée. De nombreuses maisons ont été endommagées, des milliers d'habitants sont privés d'électricité, d'eau courante et de téléphone tandis que les entreprises situées près de la mer ont été détruites.
Le sud d'Haïti est aussi coupé du reste de l'île du fait de la destruction des routes et des ponts, rendant l'acheminement des secours compliqué. La route nationale numéro 2, qui relie Port-au-Prince, la capitale au sud du pays, a été coupée au niveau de Petit-Goâve, après l'effondrement d'un pont.
Quels risques sanitaires ? Le principal risque sanitaire reste la pollution des eaux après les inondations. Le choléra, qui sévit depuis quelques années à Haïti, fait craindre le pire. Selon le Bureau des secours d'urgence et la coordination humanitaire (OCHA), la contamination des eaux rend le combat contre le choléra "plus complexe et difficile". "On a peur que ça se propage", renchérit l'association Care. "On a déjà dénombré trois nouveaux cas de choléra à Jérémie".
Quel impact pour l'avenir ? Les associations craignent pour l'avenir du pays, classé comme le plus pauvre du continent américain. "On est très inquiets concernant les conséquences à long terme", assure l'association Care. "Les gens ont tout perdu, leurs bétails, leurs maisons et leurs plantation. Ils sont très vulnérables". L'île ne s'est aussi toujours pas entièrement relevée du terrible tremblement de terre de 2010 qui avait fait plus de 230.000 morts. Certains déplacés du séisme vivent en effet encore dans plusieurs camps.