L'énorme scandale de pédophilie révélé la semaine dernière au sein du clergé catholique aux États-Unis va-t-il entraîner des changements au sein de l'Eglise ? Alors que le pape François a pris la plume dans une lettre à tous les catholiques, condamnant "avec force ces atrocités", et appelant à ce que "ces abus ne puissent plus être dissimulés", le spécialiste des religions Odon Vallet remarque mardi sur Europe 1 que le ton employé par le souverain pontife est assez inédit au Vatican.
Le Pape pourrait modifier les lois de l'Église. "Le pape va plus loin que ses prédécesseurs, il parle de honte, de dégoût", note-t-il, ajoutant qu'"il est assez probable que le pape François sera amené à prendre des mesures encore plus fortes contre des évêques", et pourrait aller jusqu'à modifier les lois en vigueur au sein de l'Eglise.
"Le pape François pense à renforcer le Code de droit canon, c'est à dire la loi civile et pénale de l'Église pour que les évêques soient désormais responsables des méfaits, des délits, voire des crimes commis par des prêtres qu'ils n'auraient pas dénoncés, et que même peut-être ils auraient permis sans les mettre à l'écart des mineurs", ajoute Odon Vallet.
"Un vrai problème" sur le célibat des prêtres. Alors que certains au sein des catholiques réclament la fin du célibat des prêtres, Odon Vallet reconnaît "qu'il y a un vrai problème". "Ces hommes, ces prêtres, ces évêques, n'ont jamais rencontré de femmes, et on a le sentiment qu'un jour on sera obligé d'autoriser les prêtres avoir une femme". Mais, rappelle-t-il, si le pape François "le souhaite", "il sait très bien qu'il déclencherait un schisme dans l'Eglise, car une bonne partie des prêtres, des évêques, voire des fidèle dans certains pays ne veulent pas de prêtres mariés".
Une enquête des services du procureur de Pennsylvanie publiée la semaine dernière a mis au jour des abus sexuels, couverts par l'église catholique de cet Etat américain, perpétrés par plus de 300 "prêtres prédateurs" dont ont été victimes au moins mille enfants.