Pilonnage de la Ghouta : "Jusqu'à 150 roquettes tirées en une seule minute"

Ghouta 1280
© ABDULMONAM EASSA / AFP
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Aude Vernuccio, édité par R.Da. , modifié à
Père de famille prisonnier des bombardements de Damas sur la Ghouta orientale, une enclave rebelle, Mohayad raconte à Europe 1 l'enfer des trois derniers jours.
TÉMOIGNAGE

La situation dramatique de la Ghouta orientale, en Syrie, ne s'arrange pas. De nouveaux bombardements du régime de Bachar al-Assad ont fait treize morts jeudi matin dans cette enclave rebelle située à l'est de Damas. "Il faut arrêter ce massacre" a déclaré Angela Merkel, quand Emmanuel Macron a appelé mercredi à une trêve, notamment pour permettre l'acheminement d'une aide humanitaire.

Mohayad, un jeune père de famille qui vit dans la région, a témoigné jeudi auprès d'Europe 1 du déluge de feu qui s'abat depuis trois jours dans la Ghouta orientale. "On ne compte plus les tirs de roquette et de mortier. Les rues sont complètement vides. À 300 mètres de chez moi, ils ont lâché des bombes, l'explosion a tout détruit. C'est indescriptible", raconte-t-il.

"Je risque ma vie pour dix minutes". "La nuit dernière, je n'ai pas réussi à faire dormir mes enfants avant 4 heures. Jusqu'à 3 heures, on entendait les raids aériens, les hélicoptères, parfois jusqu'à 150 roquettes tirées en une seule minute", poursuit encore Mohayad au micro d'Europe 1. Ce père garde désormais sa famille dans le sous-sol de sa maison, jour et nuit. "Quand mon petit garçon de trois ans me dit : 'Papa j'ai peur. Qu'est-ce qui se passe ?' Je me sens désemparé", explique-t-il. "Je sors de la maison très tôt le matin pour aller chercher de la nourriture. Le jour, c'est impossible. Je risque ma vie pour dix minutes de marche. À chaque fois je me dis que ce sera mon dernier jour", conclut-il.

Vers une résolution du Conseil de sécurité ? À ce stade, la pression de la communauté internationale n'a pas permis un cessez-le feu. "La France pèse de tout son poids pour qu'une résolution du Conseil de sécurité [de l'ONU, ndlr] puisse valider une trêve humanitaire immédiate pour évacuer les blessés et mettre un minimum de calme dans cet enfer", a assuré jeudi, au micro d'Europe 1, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. La Russie, soutien du régime de Damas, pourrait cependant opposer son veto à toute résolution.

Le pilonnage de la Ghouta aurait fait au moins 1.285 blessés et 237 morts en moins de trois jours, selon un bilan partiel de Médecins sans frontières publié mercredi. De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme fait état d'au moins 335 morts chez les civils, dont près de 79 enfants et 50 femmes, et plus de 1.700 blessés.