Présidentielle américaine : que se passerait-il en cas d'égalité entre Kamala Harris et Donald Trump ?

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Philippe Folgado // Crédit photo : JEMAL COUNTESS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
Plus que quelques jours avant l'élection présidentielle américaine. Les deux principaux candidats sont au coude-à-coude dans les derniers sondages. Dans certains États, les intentions de vote sont dans la marge d'erreur, l'élection pouvant basculer dans un camp comme dans l'autre. Mais que se passerait-il en cas d'égalité parfaite ?

Comme en 2020, l'élection présidentielle américaine s'annonce très serrée. Dans les sondages, Kamala Harris et Donald Trump se tiennent dans un mouchoir de poche et tous les scénarios sont possibles. Tous, y compris celui d'une égalité parfaite entre les candidats. 

Car l'élection présidentielle américaine est un suffrage indirect. Les électeurs votent pour désigner 538 grands électeurs qui auront la charge ensuite d'élire le nouveau président des États-Unis, qui sera le 47e de l'histoire cette année. Pour occuper la Maison-Blanche, un candidat doit obtenir la majorité des grands électeurs, soit au moins 270 d'entre eux. Mais dans les faits, il est possible que deux candidats obtiennent 269 grands électeurs chacun. Que se passerait-il dans ce cas de figure ? 

Le président élu par la Chambre, le vice-président par le Sénat

Pour le savoir, il faut revenir à la Constitution américaine, plus précisément au 12e amendement qui précise que si aucun candidat n'a obtenu de majorité lors du vote, "la Chambre des représentants choisira immédiatement le président, par scrutin entre les trois personnes au plus qui auront réuni le plus grand nombre de voix". C'est le "Contingent Election". Chaque délégation d'État se réunirait et aurait une voix lors de ce vote. Le scrutin serait donc à 50 voix, avec la majorité à 26. Une égalité serait encore possible et dans ce cas-là, il y aurait plusieurs tours de scrutin jusqu'à ce qu'ils tombent d'accord sur un candidat. 

Cette procédure n'est pas uniquement destinée à élire le président, mais aussi son vice-président. Dans ce cas-là, ce n'est pas la Chambre des représentants qui l'élirait, mais les 100 sénateurs qui composent le Sénat américain. Toujours selon le 12e amendement, les deux candidats ayant reçu le plus de vote parmi les listes seront les candidats au poste de vice-président. Il pourrait donc il y avoir un président démocrate et un vice-président républicain, ou inversement. 

Si les délégations d'État ne parviennent pas à élire un président avant le 20 janvier à 12h, date et heure de l'investiture du président américain, c'est le vice-président élu par le Sénat qui occuperait les fonctions présidentielles par intérim. Si le Sénat n'est pas parvenu à en élire un, c'est le plan de succession du 20e amendement qui entrerait en vigueur. Ce serait le président de la Chambre des représentants qui occuperait temporairement la fonction présidentielle. 

1800, l'élection qui a tout changé

C'est l'élection chaotique de 1800 qui a provoqué la création du 12e amendement. À l'époque, le système électoral était différent, le candidat qui arrivait en tête était élu président et le second était son vice-président. Thomas Jefferson et Aaron Burr sont arrivés à égalité en nombre de grands électeurs. La Chambre a procédé à une élection contingente. Elle aura eu besoin de 36 tours de scrutin pour les départager. Finalement, c'est Thomas Jefferson qui devint le troisième président des États-Unis. Le 12e amendement a donc rendu obligatoire qu'un vote distinct soit organisé pour le président et le vice-président. 

En 1824, aucun des quatre candidats en lice n'a obtenu la majorité des voix. La Chambre des représentants a donc dû organiser une élection contingente entre les trois candidats ayant obtenu le plus de voix : John Quincy Adams, Andrew Jackson et William Crawford. Alors qu'il avait remporté le vote populaire, Andrew Jackson voit John Quincy Adams remporter cette élection dès le premier tour et ainsi devenir le sixième président des États-Unis. Andrew Jackson lui succèdera à la Maison-Blanche en 1828.