L'Europe ne doit pas "entrer dans une logique de bloc à bloc", et ne pas "être suiviste" des États-Unis ou de la Chine sur la question de Taïwan. Ces propos du président de la République Emmanuel Macron lors de son retour de son voyage en Chine, dans les colonnes du site Politico, ont provoqué le malaise au-delà de nos frontières.
Le chef de l'État, qui tente d'incarner une troisième voie sur la scène internationale, appelle "à ne pas se retrouver entraîné dans des crises qui ne sont pas les nôtres". "Le président de la République a parfaitement raison", estime ce mardi matin au micro d'Europe 1, Bruno Le Maire. "Il a parfaitement raison de réclamer l'indépendance et la souveraineté européenne comme il le fait depuis 2017", martèle le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Allié des États-Unis, mais pas ennemi de la Chine
"Nous sommes évidemment les alliés des États-Unis. Nous partageons les mêmes valeurs, nous partageons beaucoup d'intérêts économiques en commun. Mais ce n'est pas parce que nous sommes les alliés des États-Unis que nous devons être contre la Chine", poursuit-il, alors même que plusieurs gros contrats ont été signés entre des entreprises françaises et chinoises au cours de la visite présidentielle.
Ainsi, Airbus devrait construire une nouvelle ligne de production dans l'empire du milieu pour satisfaire l'appétit des compagnies aériennes chinoises, tandis qu'EDF a renouvelé son partenariat avec le géant chinois du nucléaire CGN, pour concevoir, construire et entretenir de nouvelles centrales.
"Indépendance de penser"
"Nous, nous choisissons la voie du dialogue. C'est celle qui est portée par l'Europe et c'est celle qui a été portée lors du déplacement du président de la République en Chine. Est-ce que ce n'est pas préférable à une logique de confrontation et d'accélération de quelque conflit que ce soit ?" se demande Bruno Le Maire.
"A-t-on l'impression que l'Europe, qui est déjà confrontée à la guerre en Ukraine, a besoin d'un conflit supplémentaire ? Est-ce que le monde a besoin d'un conflit supplémentaire ? Non. Donc je le redis avec beaucoup de force, ce qu'a dit le président de la République est nécessaire. Nous devons bâtir l'indépendance européenne et l'indépendance ce n'est pas simplement l'indépendance économique, militaire, financière, c'est aussi quelque chose d'encore plus précieux : c'est l'indépendance de penser", conclut-il.