Le conflit entre la Catalogne et le gouvernement central de Madrid a pris une nouvelle tournure vendredi. Dans l'après-midi, le parlement catalan a proclamé l'indépendance de la région. Dans la foulée, le Sénat espagnol a approuvé une mesure sans précédent en 40 ans, la mise sous tutelle de la région. Puis, en guise de conclusion, Mariano Rajoy a annoncé la destitution de l'exécutif catalan et la dissolution du parlement régional. De nouvelles élections auront lieu le 21 décembre en Catalogne. Récit de cette journée de crise.
Les trois informations à retenir :
- Mariano Rajoy a dissous le parlement catalan et annoncé de nouvelles élections régionales le 21 décembre
- Quelques heures auparavant, le parlement catalan avait déclaré l'indépendance de la région
- Le Sénat espagnol a approuvé la mise sous tutelle de la Catalogne
La déclaration d'indépendance
Le parlement catalan a proclamé vendredi après-midi l'indépendance de la Catalogne, en l'absence de l'opposition. Plusieurs députés avaient en effet quitté l'hémicycle en signe de protestation avant que les élus des partis indépendantistes ne commencent à déposer leurs suffrages. Cette déclaration est intervenue près d'un mois après un référendum interdit par Madrid (90% de oui mais seulement 43% de participation).
Officiel : la déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne est approuvée par 70 votes sur 135
— Henry de Laguérie (@henrydelaguerie) 27 octobre 2017
L'annonce de l'indépendance a été célébrée par des dizaines de milliers d'indépendantistes réunis dans les rues de Barcelone, sablant le "cava" (mousseux) catalan, s'embrassant et entonnant, avec une grande ferveur, l'hymne de la Catalogne. Le président catalan, Carles Puigdemont, a appelé vendredi les Catalans à rester "sur le terrain de la paix et du civisme". La déclaration d'indépendance va cependant à l'encontre des souhaits d'une grande partie des Catalans, au moins la moitié selon les sondages, qui veulent rester dans le royaume d'Espagne.
La mise sous tutelle de la Catalogne
Le gouvernement central de Madrid a immédiatement réagi, Mariano Rajoy promettant de "restaurer la légalité en Catalogne". Une heure après la déclaration d'indépendance, le Sénat espagnol a validé le déclenchement de l'article 155 de la Constitution, permettant une mise sous tutelle de la région. Cette mesure, un événement sans précédent en Espagne depuis que la démocratie a été rétablie en 1977, a permis au gouvernement central de destituer l'exécutif catalan et de mettre sous tutelle la police. Deux dispositions controversées, la mise sous tutelle du parlement catalan et des médias publics, ont finalement été écartées.
Rajoy dissout le parlement catalan et annonce de nouvelles élections régionales
Les premières mesures concrètes prises par Madrid après la déclaration d'indépendance ont été annoncées vendredi soir par Mariano Rajoy, dans une courte allocution télévisée d'une dizaine de minutes. Le chef du gouvernement espagnol a annoncé la destitution du président catalan Carles Puigdemont et de son exécutif, ainsi que la dissolution du parlement catalan. De nouvelles élections régionales seront convoquées le 21 décembre, a-t-il également ajouté.
"Nous, les Espagnols, avons vécu une triste journée, au cours de laquelle la déraison s'est imposée à la loi et a détruit la démocratie en Catalogne", a-t-il affirmé. La situation est "déchirante, triste et angoissante", a-t-il ajouté. Les mesures prises par le gouvernement "ne visent pas à suspendre l'autonomie, mais à ramener la loi et la concorde" en Catalogne.
Catalogne: Mariano Rajoy dissout le parlement de Catalogne, élections le 21 décembre pic.twitter.com/CBLaxUctV1
— BFMTV (@BFMTV) 27 octobre 2017
Rajoy soutenu à l'international
Les principales places diplomatiques ont toutes apporté leur soutien au gouvernement de Madrid. En déplacement en Guyane, Emmanuel Macron a lancé : "J'ai un interlocuteur en Espagne, c'est le Premier ministre Rajoy (…) Il y a un État de droit en Espagne, avec des règles constitutionnelles. Il veut les faire respecter et il a mon plein soutien". Même son de cloche du côté de l'Allemagne, qui, comme Paris, ne reconnaît pas la déclaration d'indépendance et "voit l’aggravation de la situation en Catalogne avec inquiétude", selon un porte-parole de la chancelière.
For EU nothing changes. Spain remains our only interlocutor. I hope the Spanish government favours force of argument, not argument of force.
— Donald Tusk (@eucopresident) 27 octobre 2017
"Pour l'UE, rien ne change. L'Espagne reste notre seule interlocutrice", a aussi écrit le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk, sur son compte Twitter, en appelant parallèlement le gouvernement espagnol à choisir "la force de l'argument plutôt que l'argument de la force". Les États-Unis, eux, soutiennent toujours "l'unité" de l'Espagne, selon un communiqué du département d'État. "La Catalogne fait partie intégrante de l'Espagne, et les États-Unis soutiennent les mesures constitutionnelles du gouvernement espagnol visant à maintenir l'Espagne forte et unie", est-il indiqué.