Pour Bruxelles, plus question de voir les Européens se déchirer pendant des heures sur les quotas de réfugiés, alors qu'au même moment des centaines de personnes meurent en Méditerranée. Mercredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a présenté sa proposition de voir les Etats membres de l'UE se répartir 160.000 réfugiés, venant principalement d'Irak et Syrie, arrivés en Grèce, en Italie et en Hongrie.
"Les accueillir dans nos bras". Ces réfugiés, "nous devons [les] accueillir dans nos bras", a déclaré Jean-Claude Juncker dans son discours sur l'état de l'Union, devant le Parlement européen à Strasbourg, ajoutant espérer que "cette fois, tout le monde sera embarqué". Pour l'ancien Premier ministre luxembourgeois, "le temps n'est pas venu d'avoir peur. C'est le moment de faire preuve de dignité humaine".
Le chiffre avancé par Jean-Claude Juncker correspond à l'addition d'une précédente proposition de se répartir 40.000 réfugiés avec une nouvelle proposition d'urgence concernant 120.000 personnes actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie. L'option des quotas, critiquée à l'Est, place l'Allemagne en première ligne (environ 26% du total), suivie de la France (20%) et de l'Espagne (12%).
Le patron de la Commission européenne a en outre assuré que les accords de Schengen ne seraient pas remis en cause sous son mandat et a plaidé pour une modification "de notre droit interne pour permettre aux migrants de travailler dès lors qu'ils arrivent sur le territoire de l'UE".
Un mécanisme permanent... Jean-Claude Juncker a aussi insisté sur la nécessité de mettre en place "un mécanisme permanent" de répartition des réfugiés, qui "nous permettra de faire face plus rapidement à l'avenir".
Il s'agit en effet pour la Commission européenne de proposer des procédures qui se déclencheront automatiquement, à chaque fois qu'un pays européen fera face à un flux important et disproportionné de demandeurs d'asile. Quand un pays appellera au secours, Bruxelles évaluera le nombre de personnes à répartir et les pays européens devront accueillir un certain pourcentage d'hommes, de femmes et d'enfants, qui aura été fixé à l'avance. Ce mécanisme, similaire à celui qui se met en place péniblement depuis cet été, sera gravé dans le marbre et incontestable.
... et contraignant. Il sera aussi contraignant : ceux qui refuseront seront obligés de justifier leur refus, en invoquant par exemple une catastrophe naturelle qui réduirait les capacités d'accueil, et il devront mettre la main à la poche. En signe de solidarité, ils devront ainsi verser 0,002% de leur richesse nationale au budget européen. Pour la France, cela représente à peu près 40 millions d'euros, une somme pas énorme, mais symbolique.