Le régulateur des télécommunications de Russie a saisi vendredi la justice pour demander le blocage de la messagerie Telegram, qui a refusé de fournir aux services de sécurité russes (FSB) ses clés de cryptage permettant de lire les messages des utilisateurs. Dans un communiqué, l'agence de régulation Roskomnadzor a indiqué avoir lancé une procédure auprès d'un tribunal de Moscou pour demander de "limiter l'accès" à Telegram, messagerie fondée par le russe Pavel Dourov et réputée pour offrir un haut niveau de confidentialité. Le 20 mars, cette autorité avait donné 15 jours à Telegram pour fournir ses clés de cryptage.
"Telegram défendra la liberté et la confidentialité"."Les menaces de bloquer Telegram s'il ne fournit pas les données personnelles de ses utilisateurs n'auront pas de résultats. Telegram défendra la liberté et la confidentialité", avait alors réagi sur Twitter Pavel Dourov. L'avocat de la messagerie, Pavel Tchikov, avait de son côté expliqué sur son compte que les exigences des autorités étaient "inapplicables" du point de vue technique en raison justement du système très complexe de cryptage, selon lequel la messagerie n'a elle-même pas accès à certaines communications. De son côté, Moscou dénonce l'utilisation de la messagerie par les mouvements djihadistes, notamment les auteurs des attentats de Saint-Pétersbourg, le 3 avril 2017.
18.000 euros d'amende en octobre. Mi-octobre, la justice russe avait pourtant condamné Telegram à une amende de 800.000 roubles (18.000 euros) pour avoir refusé de coopérer avec le FSB. Pavel Dourov, qui a quitté la Russie en 2014 en invoquant des tensions avec les autorités, avait alors dénoncé une violation, selon lui, de la Constitution russe qui protège le droit au secret de la correspondance.
La messagerie avait déjà échappé à un blocage en juin après avoir accepté de fournir au régulateur russe des informations pour être intégrée au registre des diffuseurs d'information, ce qu'elle refusait auparavant.
Telegram est connue pour offrir un niveau élevé de confidentialité et son utilisation par les mouvements djihadistes a régulièrement suscité la polémique ces dernières années.