Après l'humiliation, la compensation. Trahie par l'Australie, qui a brutalement annoncé la rupture de leur "contrat du siècle", d'une valeur de 31 milliards d'euros, la France pourrait se consoler grâce aux pénalités versées à Naval Group. Invité au micro de Thierry Dagiral sur Europe 1, Patrick Martin-Genier, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions européennes et internationales, a expliqué que l'Hexagone devrait recevoir "plusieurs centaines de millions d'euros" d'indemnités financières.
Un "désastre financier" pour l'Australie
"La France n'a pas commis de faute, ce qui semble être le cas, mais si on l'a accusée d'avoir pris du retard", a-t-il souligné. "Ces compensations financières devraient se chiffrer à plusieurs centaines de millions d'euros, sachant que l'Australie avait déjà engagé entre 2 et 3 milliards d'euros dans le projet." L'addition pourrait donc être très lourde pour l'Australie. Les pénalités à verser à Naval Group, qui devait construire les sous-marins conventionnels, sont en effet estimées par la presse australienne à environ 250 millions d'euros. "Ce sera un désastre financier pour l'Australie", soutient Patrick Martin-Genier au micro de Thierry Dagiral.
Une rupture de contrat "déloyale"
Un désastre financier pour l'Australie donc, et un camouflet pour la France. " Le fait que l'Australie ait décidé de rompre unilatéralement ce contrat est parfaitement déloyal. C'est très grave", estime le spécialiste des questions européennes et internationales. "La France a été prise par surprise au dernier moment". Et les compensations financières versées par l'Australie n'effaceront pas le goût amer laissé par cette double trahison de Canberra et de Washington.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé le rappel des ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie "pour consultations", signe que le torchon brûle. " C'est le deuxième degré des protestations diplomatiques", explique Patrick Martin Genier. "L'objectif de la France, éventuellement, c'est d'obtenir des excuses, mais surtout des explications politiques sur ce revirement soudain de l'Australie. Il y a eu une atteinte à sa réputation internationale", conclut-il.