Suite à l'invasion russe en Ukraine, les 27 membres de l'Union européenne se sont accordés pour sanctionner le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov par le gel de leurs avoirs dans l'UE. La mesure avait été évoquée pendant le sommet européen extraordinaire jeudi à Bruxelles et a été ajoutée vendredi au paquet de sanctions que les ministres des Affaires étrangères vont valider, a-t-on précisé de mêmes sources. En exclusivité, Europe 1 vous révèle les dessous du clan Poutine en France.
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400.000 dollars
La villa située au 9, rue de la Frégate, en plein centre de Biarritz est une villa que Vladimir Poutine a achetée en 1996 pour environ 400.000 dollars, en mettant le titre de propriété au nom de l’une de ses filles. Des informations qui nous ont été confirmées par les services de renseignements français. En 1996, Vladimir Poutine est un fonctionnaire de l’État russe, d’abord employé à la mairie de Saint-Pétersbourg avant de rejoindre, la même année, l’administration présidentielle à Moscou. À ce titre, la loi lui interdisait de sortir de l’argent du pays.
La villa que Vladimir Poutine a achetée en 1996 pour environ 400.000 dollars. Crédit : William Molinié/Europe 1
Par ailleurs, comme fonctionnaire il touchait un salaire de moins de 1000 dollars par mois. Un revenu qui ne lui permettait pas d’acheter une propriété de 400.000 dollars. Comment s’est-il procuré cet argent ? En se servant dans la caisse : à l’époque, le MI5 - le service de renseignement intérieur britannique - le soupçonnait déjà de détourner des fonds. Avec la complicité du maire de Saint-Pétersbourg – Anatoli Sovchak – Poutine aurait fait sortir illégalement de Russie au moins un million de dollars. Une somme qui a, en partie, permis de financer l’achat de cette maison.
À première vue, cette dernière n'a rien d'exceptionnel. Elle reste tout de même estimée à près de deux millions d'euros par les experts immobiliers de la région. Ce qui en vaut surtout le détour, c'est que le compositeur russe Igor Stravinsky y a résidé au début du siècle dernier. Aujourd'hui, on y parle le français avec encore un fort accent russe. "Je n'ai pas le temps de discuter, mais oui je travaille ici", affirme une femme, une cinquantaine d'années. Elle ouvre le portail et coupe court à notre conversation. Elle assure être la femme de ménage, mais bizarrement, elle ne connaît pas les propriétaires. Pourtant dans la région c'est un secret de polichinelle. Des proches de Vladimir Poutine y sont régulièrement aperçus.
Une superbe villa art déco
Pierre Haffner, un militant associatif, le documente sur internet. "Ils sont là tous les étés, au mois d'août. Il y a aussi ici la villa de Poutine. Mais on ne vous en dira pas plus, il faudra la chercher", nous répond-il. Justement, direction l'océan. Face aux vagues, la villa Susanna, celle de l'ancienne femme de Vladimir Poutine, surplombe la dune. Impossible de passer à côté de cette maison art déco des années 1930.
À l'intérieur, le grand luxe, comme le raconte cet entrepreneur qui a travaillé sur le chantier de rénovation. "L'intérieur est spacieux, c'est très, très grand. Il y a un grand jardin, une grande piscine, une piscine olympique. Des maisons comme ça, il n'y en a pas beaucoup. C'est un bien rare parce qu'il est au bord de la plage", décrit-il au micro d'Europe 1. Entre fantasme et réalité, la ville impériale abrite-t-elle la fortune cachée de Vladimir Poutine ? Pure légende, conteste le consul honoraire de Russie à Biarritz, Alexandre de La Cerda.
La villa Susanna, où a été aperçue l'ex-femme de Vladimir Poutine. Crédit photo : William Molinié/Europe 1
Un ancien du FSB aperçu à Biarritz
"On parle tout le temps des maisons de ce que vous appelez le clan Poutine, mais je ne les ai jamais vues", confie-t-il sur Europe 1. "Le chef de l'État russe n'a jamais acheté de maison sur place. Et oui, un certain nombre de Russes ont des propriétés sur la côte basque, comme ils en ont sur la Côte d'Azur."
Nous rencontrons dans un endroit tenu secret un activiste russe qui lui aussi s'intéresse au patrimoine du clan Poutine dans la région. Il est aujourd'hui réfugié politique en France, sous protection policière. "Je suis dans une situation de risque de mort parce que maintenant, je suis comme l'ennemi numéro deux ou numéro trois de Poutine", raconte-t-il à Europe 1. "Il y a beaucoup d'agents secrets en Europe maintenant et j'ai besoin de l'aide de la police pour ma protection et celle de ma famille."
Un ancien du FSB, le renseignement intérieur russe, et même du puissant GRU, l'équivalent du renseignement militaire, aurait été aperçu cet été sur les plages de Biarritz. Selon nos informations, la DGSI mène régulièrement des activités de surveillance au titre du contre espionnage dans la ville impériale.