Aucune plaque n'annonce leur présence, au pied de cet immeuble situé près de la frontière turco-syrienne. A l'intérieur d'un appartement enfumé, l'Institut syrien pour la justice abat un travail colossal. Ces Syriens enquêtent sur les charniers et les massacres des groupes armés.
Témoignages et photos. Désormais, ils recueillent également des documents sur les frappes russes, raconte Saïd Ido, qui montre un rapport sur une école touchée par un missile : "On a commencé par déterminer l'endroit et l'identité des victimes. Là, vous voyez, on a recueilli le témoignage du proviseur de l'école. Celui qui a pris les photos des restes du missile est un avocat. Il sait exactement ce qu'il faut faire : ne pas toucher".
L'organisation s'appuie sur un réseau d'activistes présents partout à l'intérieur du pays. Auparavant, ces Syriens passaient plusieurs mois à monter des dossiers beaucoup plus épais pour l'ONU, des archives exploitables devant une Cour pénale internationale. "Mais nous avons arrêté", dit Saïd Ido. "Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est prendre ces dossiers que nous avons monté en payant un lourd tribut, puis les mettre sur une étagère ou dans un tiroir."
Persévérance. Plusieurs membres de l'équipe de Saïd Ido ont été tués. Celui-ci jure pourtant qu'il ne baissera pas les bras, convaincu que les centaines de dossiers dans son ordinateur seront un jour la mémoire d'une future Syrie en paix.
Jeudi, une conférence internationale est organisée à Munich, en Allemagne, pour tenter d'aboutir à un cessez-le-feu en Syrie.