L'Iran a sorti la carte du nucléaire dimanche face aux menaces du président américain Donald Trump de frapper 52 sites iraniens si la République islamique réagissait militairement pour "venger" l'assassinat du puissant général Qassem Soleimani, tué en Irak par une frappe américaine. Depuis l'assassinat dans un raid américain vendredi de Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, l'homme de l'Iran en Irak et numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires pro-Iran intégrés aux forces de sécurité, le monde entier redoute la déflagration.
Bagdad a convoqué l'ambassadeur américain pour dénoncer des "violations de la souveraineté de l'Irak" par des "opérations militaires illégitimes (...) qui peuvent mener à une escalade des tensions dans la région". Dans la foulée, l'Irak a annoncé avoir porté plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU contre "des attaques américaines contre des bases irakiennes" et "l'assassinat de commandants militaires irakiens et amis".
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Le Parlement irakien doit décider du sort de 5.200 soldats américains
Le Parlement irakien doit lui décider du sort des 5.200 soldats américains sur son sol que les factions pro-Iran, représentées au sein de l'Assemblée, se disent prêtes à attaquer. Une marée humaine a défilé en Iran à Ahvaz (sud-ouest), Zanjan (nord-est) et Machhad (nord-est) où le cercueil de Soleimani est arrivé, au cri de "Mort à l'Amérique". Un mot d'ordre qui a aussi résonné dans l'enceinte du Parlement iranien. L'Iran, qui dit douter du "courage" des Américains à mettre leur menace à exécution, a répondu qu'il accélérait le processus pour réduire ses engagements internationaux en matière nucléaire "compte tenu de la situation".
Washington a de son côté annoncé le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.
L'Otan suspend ses opérations en Irak
Par peur des représailles, l'Otan a suspendu ses opérations en Irak. La coalition internationale anti-djihaidste emmenée par les Etats-Unis a elle annoncé "suspendre" l'entraînement des forces irakiennes et le combat contre le groupe Etat islamique (EI), car elle est "désormais totalement dédiée à protéger les bases irakiennes qui accueillent (ses) troupes".
L'escalade semble désormais inévitable : d'un côté, Téhéran crie "vengeance" et brandit une réponse "militaire", de l'autre, Donald Trump menace de détruire 52 sites iraniens "de très haut niveau et très importants pour l'Iran et pour la culture iranienne". Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a prévenu que "viser des sites culturels est un crime de guerre". Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a affirmé que Washington agirait "dans le cadre de la loi".