La tension monte en Ukraine. Vladimir Poutine a lancé samedi des exercices militaires "stratégiques" impliquant des tirs de missiles. Côté ukrainien, le commandement militaire a annoncé qu'un soldat avait été tué dans des affrontements avec les séparatistes soutenus par Moscou. Mais c'est aussi une guerre d'image et de communication qui se joue.
Evacuation de centaines de milliers de civils
Toute attaque peut être un prétexte à une offensive de plus grande ampleur. Jeudi, Kiev dénonce le bombardement d'une école maternelle. L'image a marqué les esprits. Murs éventrés par un obus, papier peint enfantin et cubes de couleurs sous les débris. Les territoires pro-russes répliquent presque aussitôt. Ils assurent avoir déjoué une attaque chimique et désignent des terroristes ukrainiens.
Tout se joue ces derniers jours dans le Donbass. La région, on le sait, est coupée en deux depuis huit ans par une ligne de front entre l'armée ukrainienne et deux républiques pro-russes autoproclamées, les républiques de Donetsk et Lougansk, soutenues par Moscou. Leurs deux dirigeants annonçaient hier l'évacuation de centaines de milliers de civils vers la Russie.
Appel à la mobilisation générale côté pro-russe
Mais bon nombre d'experts s'accordent à dire que ces vidéos ont été enregistrées mercredi avant le début des bombardements. Le chef de la république autoproclamée de Donetsk poursuit pourtant ce matin et proclame la mobilisation générale : "Nous sommes prêts à nous battre et nous arriverons à maintenir l'agression de Kiev. Aujourd'hui, je signe la mobilisation générale et je demande à vous tous de vous présenter au commissariat. Grâce à cela nous protégeront le Donbass et tous les habitants russes".
Ces déclarations installent un climat de peur dans une région pourtant rompue aux combats et aux tirs d'artillerie. "Désinformation, !", clame le ministre des Affaires étrangères ukrainien sur Twitter, qui nie toute intention belliqueuse et dit poursuivre les efforts diplomatiques. Le président français Emmanuel Macron doit s'entretenir demain avec Vladimir Poutine pour "éviter le pire", souligne l'Elysée.
Poutine veut "déstabiliser" l'Ukraine
Pour le géopoliticien Cyrille Bret, "chacun des protagonistes essaye de pousser l'autre à la faute pour ne pas endosser la responsabilité du combat". "Les manipulations et provocations sont extrêmement grandes et c'est aussi une guerre de l'information sur les médias sociaux, sur le cyberespace et dans les chancelleries", souligne-t-il sur Europe 1. Quant à Vladimir Poutine, il "veut empêcher l'Ukraine d'avoir une politique étrangère autonome, la déstabiliser, la décrédibiliser et pour cela, l'affaiblir durablement". Comment calmer jeu ? Et une issue diplomatique est-elle encore possible ?
"Il y a une place pour la diplomatie", estime Cyrille Bret qui interprète la reprise des combats, notamment dans cette zone là, comme une "tentative pour arriver à la table des négociations, encore plus en position de force". La Russie a tout intérêt à calmer le jeu. "Le président Macron, mais aussi les leaders occidentaux à la conférence de Munich, ont rappelé à la fois leur solidarité avec l'Ukraine et également les conséquences qui pourraient en découler pour la Russie sur le plan économique et sur le plan stratégique. La Russie n'est pas prête, n'a pas les ressources pour absorber un nouveau train de sanctions durcies", analyse Cyrille Bret.