Lundi, six ans après les faits, le procès de l'attentat de Nice s'ouvre à Paris. Quatre-vingt civils fauchés, 318 blessés, plus de 3.000 personnes impactées psychologiquement, dont un millier d'enfants toujours suivi. Le procès de l'attentat de Nice qui s'ouvre ce lundi est celui d'une nuit de carnage, d'une soirée débutée dans la joie et qui se terminera dans les larmes. Le feu d'artifice du 14 juillet rassemblait de nombreuses familles : des parents, grands-parents avec leurs enfants et petits enfants. Des amis de toutes conditions, toutes religions et venant du monde entier.
Parmi les 865 parties civiles recensées pour l'instant, on compte pas moins de trente-neuf nationalités. Les victimes qui ont perdu la vie sur la Promenade des Anglais, les anges comme on les appelle désormais, étaient originaires de dix-neuf pays différents. Sur le banc des accusés, sept personnes prendront place. Un huitième accusé est en fuite et sera jugé par contumace. Un autre s'est suicidé en prison. Mais le grand absent de ce procès, c'est Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l'auteur de l'attentat. Stoppé dans sa course folle par plusieurs tirs de policiers, le Tunisien est mort au volant de son camion. Sans ses explications, de nombreuses zones d'ombre demeurent dans ce dossier.
Un procès d'assise retransmis à distance
Pour la première fois, ce procès d'assises pour terrorisme sera retransmis à distance et traduit. De grands dossiers, comme le procès de l'explosion de l'usine AZF, avaient déjà nécessité l'installation d'un tel dispositif, mais jamais devant cette cour spéciale où ne siègent que des magistrats professionnels. L'objectif étant de faciliter aux nombreuses parties civiles l'accès aux audiences. Deux salles aux couleurs claires et aux revêtements feutrés ont été installés dans le Palais des congrès de Nice.
Lise Jaulin est chargée de la communication du parquet national antiterroriste. "L'une des salles est dédiée aux parties civiles et à leurs avocats. Elle contient 500 places et l'autre salle est une salle pour le public et la presse", explique-t-elle. "Il y a 200 places dans cette seconde salle. C'est une retransmission dite passive, sans interaction." Une convention a été signée avec le ministère de la Justice permettant cette projection à distance. On y verra en plan large le tribunal et à chaque prise de parole, les intervenants seront filmés en gros plan. Une web radio en français et en anglais sera accessible de l'étranger.
Le système est entièrement sécurisé pour les parties civiles souhaitant se connecter. "Par des voies, notamment diplomatiques. On a fait en sorte qu'elle puisse récupérer leurs clés d'accès à la web radio", précise Lise Jaulin. Cette webradio diffusera les quinze semaines de procès avec un décalage de 30 minutes pour couper d'éventuels propos qui pourraient choquer à distance.