Trafic de drogue : les méthodes marseillaises à l'oeuvre à Bruxelles, s'alarme un élu

Le bourgmestre d'Anderlecht, Fabrice Cumps, a estimé que les trafiquants de drogue à Bruxelles ont professionnalisé leurs méthodes "à la façon marseillaise". La Belgique a été secouée par deux décès début février, ce que les autorités ont mis sur le compte d'"une guerre de gangs".
Les trafiquants de drogue à Bruxelles ont professionnalisé leurs méthodes "à la façon marseillaise", estime le bourgmestre d'Anderlecht, une commune de Bruxelles secouée par des règlements de comptes ultraviolents entre bandes rivales.
Deux hommes ont été tués les 7 et 15 février dans deux quartiers de cette commune populaire, ce que les autorités ont mis sur le compte d'"une guerre de gangs" se disputant les mêmes points de deal très lucratifs. "Ce qui est sûr, c'est que les méthodes de la mafia marseillaise ont été importées ici", a déclaré jeudi le bourgmestre, Fabrice Cumps, dans un entretien avec l'AFP.
92 fusillades liées au narcotrafic en 2024 à Bruxelles
Une allusion à la violence des narcotrafiquants mais aussi à l'organisation très hiérarchisée de ces réseaux, leur capacité de recrutement et leur logistique s'appuyant sur des expéditions de drogue désormais identifiées avec des QR codes.
"Des QR codes identifient le type de marchandise et son conditionnement, ainsi que l'endroit où elle doit être livrée, souligne Fabrice Cumps. Un point de deal n'est pas l'autre, il y a des produits et des publics différents en fonction des endroits". Selon cet élu socialiste, "un point de deal intéressant peut rapporter jusqu'à 50.000 euros par jour". Ces enjeux financiers énormes expliquent l'"ultraviolence" qui se développe entre rivaux.
En 2024, il y a eu à Bruxelles neuf morts et 48 blessés dans les 92 fusillades liées au narcotrafic, selon la police fédérale. Il y a pour l'instant deux morts recensés en 2025. A titre de comparaison, ce narcobanditisme a coûté la vie à 24 personnes en 2024 en région marseillaise en France. C'est deux fois moins qu'en 2023, année record avec 49 morts, dont quatre victimes collatérales.
A Anderlecht, "tous les jours on arrête des dealers, on les harcèle. On occupe le terrain de manière maximaliste, explique encore M. Cumps. Mais la difficulté sera de tenir sur la durée".
15 enquêteurs supplémentaires affectés à la PJF de Bruxelles dès lundi prochain
A proximité de la Gare du Midi, un des gros points de convergence bruxellois de sans-abri, d'exilés sans papiers et d'autres personnes fragilisées, les trafiquants bénéficient de réserves de main d'oeuvre "infinies", relève l'élu. Il a appelé l'Etat belge à renforcer les moyens de la police judiciaire fédérale (PJF).
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Quintin, a promis qu'à partir de lundi prochain 15 enquêteurs supplémentaires seraient affectés à la PJF de Bruxelles.
Outre les deux morts recensés en dix jours dans la capitale belge, les fusillades liées au narcotrafic ont aussi fait plusieurs blessés à Anderlecht et Saint-Josse, autre commune bruxelloise.
Un impact de balle a été découvert dans le mur d'une chambre d'enfant après des échanges de tir à proximité de la station de métro Clemenceau à Anderlecht.