Un concert de critiques s'est élevé dimanche pour reprocher à Donald Trump d'avoir puisé dans le manuel des apprentis dictateurs en menaçant sa rivale, Hillary Clinton, de prison s'il était élu président.
"Vous seriez en prison". Lors du deuxième débat présidentiel, la tension est en effet encore montée d'un cran quand il a répondu : "parce que vous seriez en prison" à une saillie de Hillary Clinton. L'échange, qui a coupé le souffle à la salle, a eu lieu pendant un segment consacré à l'affaire des emails privés de Hillary Clinton, lorsqu'elle était chef de la diplomatie américaine. Cette affaire, exploitée depuis des mois par les républicains, pèse sur la campagne de Hillary Clinton et dimanche encore Donald Trump a porté le fer dans la plaie.
Critique d'une plume de Bush. Cette menace de jeter en prison un opposant politique en cas de victoire électorale lui a valu une volée de bois vert, du camp démocrate mais aussi de certains républicains. "Les candidats vainqueurs ne menacent pas de mettre des opposants en prison", a reproché l'ancien porte-parole du président George W. Bush, Ari Fleischer, sur Twitter. "Un président ne menace pas un particulier de poursuites. Trump a tort sur ce point", a-t-il ajouté. David Frum, l'une des plumes du président Bush, est lui aussi monté au créneau. "Qui accepterait d'être ministre de la Justice d'un président qui pense qu'il peut influencer les poursuites contre ses adversaires politiques?", s'est-il interrogé.
Côté démocrate, Eric Holder, l'ancien ministre de la Justice d'Obama, a mené la charge, qualifiant Trump de "dangereux/inapte". Le prix Nobel d'économie et éditorialiste du New York Times, Paul Krugman, s'est lui aussi indigné : "soyons clair, un candidat à la présidence vient de promettre de mettre son rival en prison s'il l'emporte. Tout le reste est secondaire".
Et même un procurer spécial. Trump a aussi promis de nommer un procureur spécial s'il était élu président pour mener l'enquête sur son opposante. "Si je gagne, je vais donner l'ordre à mon ministre de la Justice de nommer un procureur spécial pour faire la lumière sur votre situation, parce qu'il n'y a jamais eu autant de mensonges, autant de choses cachées", a-t-il affirmé. Hillary Clinton a réagi : "c'est vraiment bien que quelqu'un ayant le tempérament de Donald Trump ne soit pas chargé des lois de notre pays". Dans cette affaire, la police fédérale n'a pas jugé bon de poursuivre la candidate démocrate.