Un navire transportant des militants européens d'extrême droite voulant repousser les embarcations de migrants vers l'Afrique naviguait dimanche vers la Tunisie, après avoir brièvement filé la veille au large de la Libye le bateau d'une ONG en mission de secours, où se trouvait un journaliste de l'AFP. Un des militants identitaires français, Clément Galant, a posté sur Twitter le 1er août une vidéo tournée depuis le C-Star, expliquant que le bateau reconduirait vers les côtes africaines toutes les embarcations de migrants qu'il rencontrerait.
Les pêcheurs locaux mobilisés. Des pêcheurs tunisiens se sont mobilisés dimanche dans le port de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, pour "dire non" à un éventuel accostage de ce bateau, le C-Star. En cas d'approche du navire vers le port, "nous allons fermer le canal qui sert au ravitaillement. C'est la moindre des choses vu ce qui se passe en Méditerranée, la mort de musulmans et d'Africains" en mer, a indiqué à l'AFP le président de l'Association des marins pêcheurs, Chamseddine Bourassine. Samedi, le bateau a suivi parfois à seulement quelques centaines de mètres le navire Aquarius, affrété par les ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF). Les deux navires étaient à une vingtaine de miles nautiques des côtes libyennes, à l'est de la capitale Tripoli.
Une organisation européenne. Le C-Star, navire de 40 mètres loué par le groupe d'extrême droite "Génération identitaire", était arrivé samedi au large de la Libye où des dizaines de milliers de migrants à bord d'embarcations de fortune, envoyées en mer par les passeurs, ont été secourus ces dernières années par des garde-côtes, navires marchands ou ONG. Leur mission "Défendons l'Europe" a été financée grâce à une campagne participative lancée par des jeunes militants anti-immigration français, allemands et italiens. Sur son site internet, "Défendons l'Europe" accuse les ONG de "faire passer clandestinement des centaines de milliers de migrants illégaux en Europe, menaçant ainsi la sécurité et l'avenir de notre continent" et promet de "faire quelque chose pour s'y opposer". L'initiative de "Défendons l'Europe" a été dénoncée par les organisations humanitaires comme un coup de publicité potentiellement dangereux.