Jour de vote en Turquie. Premier tour de l'élection présidentielle et des législatives aux allures de référendum autour du dirigeant turc Erdogan. Il affronte pour la première fois une opposition unie après 20 ans de pouvoir. Face à lui, deux prétendants dont son principal adversaire, Kemal Kiliçdaroglu, à la tête depuis 2010 du parti républicain du peuple le CHP (fondé en 1923 par le père de la Turquie moderne). Il est le candidat d’une alliance de six partis d’opposition.
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Le scrutin s’annonce donc extrêmement serré et l’une des inconnues pour ces élections est l'impact des puissants séismes du 6 février, qui a fait plus de 50.000 morts et de 150.000 disparus dans le sud-est du pays. Les rescapés sont aujourd'hui dispersés dans le pays ou réfugiés dans des tentes et des conteneurs. Pour l'occasion, Europe 1 a rencontré des survivants d’Antioche, dans un appartement à Istanbul, déterminés à dégager le président.
"Les souvenirs vont ressurgir"
"Il faut du changement. Une voix, c'est une voix", une dernière gorgée de café pour Sibel avant de parcourir en avion les 1.000 kilomètres jusqu'à Antioche, sa ville. "Je vais aller voter. Mais j’appréhende. Car les souvenirs vont ressurgir. Ces cris dans les décombres, ces appels à l’aide et notre impuissance pour dégager ces personnes. Comme si nous tournions un film d’horreur", craint-elle au micro d'Europe 1.
Dans un petit appartement, six femmes et deux hommes, tous rescapés des effondrements, cohabitent. Impossible pour Ferial de retenir ses larmes quand elle témoigne. "On a sorti le corps inerte de ma sœur au bout du neuvième jour. Celui de maman au bout du quatrième jour. Pendant 3 jours, l’Etat n’a envoyé personne. Nous n’avons plus confiance en ce gouvernement. S'il n’y pas de fraudes, l’opposition devrait l'emporter, avec l’aide de Dieu", espère-t-elle. Une mère et sa fille, présentes sur le canapé, ont changé leur adresse officielle pour voter à Istanbul. Trop tôt pour voir Antioche, trop tôt pour faire le deuil d'une ville rayée de la carte.