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avec AFP / crédit photo : Adnan Beci / AFP , modifié à
Un tribunal italien a invalidé vendredi la rétention dans des centres albanais des premiers demandeurs d'asile que Rome y a transférés cette semaine, un camouflet pour le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni.

Vendredi, un tribunal italien a invalidé la rétention de demandeurs d'asile dans des centres en Albanie, un coup dur pour le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni. Cette décision fait suite à un accord controversé signé entre Rome et Tirana, visant à transférer des migrants secourus en Méditerranée vers des centres d'accueil en Albanie.

Réaction du Gouvernement Meloni

En réponse à cette décision, la Première ministre Giorgia Meloni a promis de "surmonter cet obstacle". Le gouvernement, dirigé par son parti d'extrême droite, Fratelli d'Italia (FDI), avait présenté cet accord comme un modèle pour l'Europe, cherchant à étendre sa politique de contrôle migratoire. Giorgia Meloni avait d’ailleurs exposé les détails de cet accord lors d'une réunion à Bruxelles, en présence de plusieurs pays européens.

La décision des juges représente un revers pour un gouvernement qui a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière un axe majeur de sa politique. Le FDI a réagi avec indignation, qualifiant le jugement "d'absurde" et accusant les magistrats d'être "politisés". Cette déclaration met en lumière les tensions entre le pouvoir exécutif et le judiciaire concernant la gestion des frontières italiennes.

Les implications de l'accord avec l'Albanie

La Ligue, le parti anti-immigration dirigé par Matteo Salvini, a également critiqué cette décision, la qualifiant de "grave" et invitant les magistrats à s'engager en politique s'ils souhaitent influencer la loi. Ces réactions illustrent le climat de polarisation autour de la question migratoire en Italie, avec une opposition ferme à toute forme de relâchement des contrôles.

L'accord entre Rome et Tirana prévoit le transfert des migrants interceptés en Méditerranée vers deux centres en Albanie. Les premiers transferts avaient déjà eu lieu, mais la décision du tribunal a conduit à un retour immédiat de certains migrants en Italie. Le jugement a été fondé sur une récente décision de la Cour européenne de justice, qui limite les conditions dans lesquelles un pays peut être désigné comme "sûr".

"Démonter les centres"

L'opposition de gauche en Italie, vent debout contre l'externalisation de la politique migratoire, a salué la décision des juges romains.

"Nous l'avions dit, non pas parce qu'on a la boule de cristal mais parce que nous lisons les lois", a ainsi réagi Elly Schlein, la patronne du principal parti d'opposition, le Parti démocrate (PD, centre-gauche). "Maintenant je lance un appel au gouvernement et à Giorgia Meloni : arrêtez-vous et revenez sur vos pas. Vous devez tout démonter et demander pardon aux Italiens", a-t-elle dit.

"Le spectacle médiatique organisé par le gouvernement Giorgia Meloni se heurte au droit national et international", s'est aussi félicitée sur X l'ONG Sea-Watch Italy qui secourt des migrants en Méditerranée.