L'ancien Premier ministre français Manuel Valls, né à Barcelone, s'est prononcé mercredi soir contre une indépendance de la Catalogne, qui supposerait selon lui "la fin de ce qu'est l'Europe" en tant qu'union d'Etats-nations, quatre jours avant un référendum d'autodétermination interdit.
Né à Barcelone. "Ce qui se passe en Catalogne et en Espagne, c'est très important pour l'Europe", a déclaré en catalan le député, à l'antenne régionale de la radio Cadena Ser. Né à Barcelone le 13 août 1962 d'une Suisse italophone et d'un artiste catalan, Manuel Valls, a rappelé que sa famille était encore dans la ville. "J'observe les événements avec inquiétude car je connais les conséquences possibles pour l'Espagne et la Catalogne, mais aussi pour l'Europe et la France", a-t-il dit. "L'Espagne est l'un des Etats-nations les plus importants d'Europe, comme la France et l'Angleterre. Qu'une région d'Espagne et surtout la Catalogne puisse être indépendante, cela suppose... d'une certaine manière la fin de ce qu'est l'Europe parce que l'Europe est l'union d'Etats-nations", a dit l'ancien chef du gouvernement socialiste (2014-2016).
"Une force pour l'Espagne". "Je ne crois pas qu'il y ait un avenir possible pour une Catalogne seule en Europe. Cet avenir est dans le cadre espagnol", a-t-il ajouté en s'inquiétant du fait que le sujet ne soit pas plus abordé en France. L'ancien candidat à la présidentielle de 2017, né Espagnol et naturalisé français, a confié avoir vécu sa première manifestation à 14 ans, pour le "Statut" de la Catalogne, en 1977. "Je connais cette histoire. Mais la force de la Catalogne, c'est qu'elle est devenue une force pour l'Espagne et ces deux forces doivent se retrouver de manière pacifique et dans le respect de tous et de toutes les opinions".
Référendum malgré une interdiction. L'Espagne, déjà exposée, au nord, à l'indépendantisme d'une partie de la société basque, vit depuis le début du mois de septembre sa pire crise politique depuis presque 40 ans, selon l'avis de tous ses dirigeants : le 6 septembre, le Parlement catalan a adopté une loi pour organiser ce référendum malgré son interdiction, arguant du fait que les indépendantistes le réclament depuis 2012. Une majorité d'habitants de cette région du nord-est, représentant 20% du PIB, souhaite un référendum légal même s'il sont divisés sur l'indépendance. Le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy et la justice sont décidés à l'interdire, quitte à faire bloquer l'accès aux bureaux de vote par les forces de l'ordre