L'opposition vénézuélienne manifeste mercredi pour convaincre l'armée de tourner le dos au président socialiste Nicolas Maduro et reconnaître à sa place l'opposant Juan Guaido, porté par un soutien international croissant.
Aide humanitaire. Chef du Parlement, ce député de droite âgé de 35 ans appelle la population à descendre dans les rues de midi à 14 heures (17h à 19h en France) pour paralyser le pays, en frappant dans des casseroles ou en brandissant des pancartes. Par cette action, il veut aussi promouvoir l'entrée au Venezuela d'une aide humanitaire, ce que Nicolas Maduro dénonce comme le premier pas d'une intervention militaire américaine.
Washington a plusieurs fois averti que "toutes les options sont sur la table" concernant le Venezuela, mais le Groupe de Lima, qui regroupe une dizaine de pays du continent américain et soutient Juan Guaido, a rejeté mardi tout recours à une intervention militaire. Les Etats-Unis se disent prêts à livrer 20 millions de dollars en aliments et médicaments, frappés de pénuries dans le pays. "Il est probable qu'une partie de cette aide humanitaire entre par voie maritime et terrestre via les pays voisins. (Les militaires) auront la décision entre leurs mains de permettre ou non son entrée", a souligné Juan Guaido.
Risque élevé de troubles civils. Le risque de troubles civils est élevé dans ce pays de 32 millions d'habitants, l'un des plus violents au monde, en plein naufrage économique et déchiré par une crise politique qui se crispe autour de deux camps : les chavistes et les opposants. Neuf jours de mobilisations se sont soldés par une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations, selon l'ONU.
Appel à l'armée. La manifestation de mercredi vise à "exiger des forces armées qu'elles se mettent du côté du peuple", alors que les militaires sont le pilier qui maintient au pouvoir Nicolas Maduro depuis 2013. "Le régime est dans sa phase finale", a assuré Juan Guaido, appelant aussi à une "grande manifestation dans tout le Venezuela et le monde entier" samedi. Samedi marquera également les dernières heures de l'ultimatum de six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas et Portugal), qui ont donné jusqu'à dimanche à Nicolas Maduro pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire. Jusqu'à présent, le dirigeant socialiste semble insensible à l'ultimatum européen, qu'il a balayé d'un revers de la main.
Guaido visé par des représailles. Le pouvoir contesté ne reste pas inactif. Juan Guaido est en effet visé par des représailles : le Tribunal suprême de justice (TSJ), réputé proche du pouvoir, a gelé mardi les comptes bancaires de l'opposant et lui a interdit de "sortir du pays sans autorisation jusqu'à la fin de l'enquête" ouverte à son encontre pour "des actions ayant porté atteinte à la paix de la République".