Les troubles qui ont suivi les manifestations massives de jeudi en Colombie contre la politique du président de droite Ivan Duque ont fait trois morts, selon un nouveau bilan communiqué vendredi matin par le ministre de la Défense.
Plus de 270 personnes, civils et membres des forces de l'ordre, ont en outre été blessées, la plupart lors d'affrontements survenus à l'issue de cette journée de mobilisation sociale d'une ampleur exceptionnelle dans ce pays. "Au cours des dernières heures, les autorités ont confirmé la mort de deux personnes lors de troubles à Buenaventura et d'une autre à Candelaria, municipalités du Valle del Cauca", département de l'ouest du pays, a déclaré le ministre de la Défense, Carlos Holmes Trujillo, pendant une conférence de presse.
Deux morts dans une "tentative de pillage" d'un centre commercial
Il a affirmé que les deux personnes décédées à Buenaventura, principal port du pays sur la côté Pacifique, sont mortes lors d'"une tentative de pillage" d'un centre commercial où la force publique "s'est rendue pour s'y opposer" dans la soirée de jeudi. "La mort de deux personnes s'est produite suite à la confrontation entre les vandales et la force publique, et de faits qui font l'objet d'une enquête (...) et en outre un agent de la police et un membre de l'infanterie de la marine ont été blessés", a ajouté le ministre.
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Carlos Holmes Trujillo a assuré qu'une commission de la force publique s'est rendue sur les lieux pour "analyser les procédures suivies" par ses effectifs lors des affrontements. Il n'a pas donné de précision quant au mort de Candelaria. Mais une source du ministère a précisé à l'AFP que ce décès était également survenu lors de trouble dans cette ville, située à environ 93 km de Buenaventura. Le ministre a précisé que onze enquêtes préliminaires avaient été lancées sur de "possibles agissements irréguliers" de la part de policiers contre des manifestants à Bogota, ainsi que dans les villes de Cali (ouest), Manizales (centre) et Carthagène des Indes (nord).
La plus importante mobilisation sociale de ces dernières années dans le pays
Le gouvernement du président Duque, impopulaire et affaibli après à peine plus de 15 mois au pouvoir, a été confronté jeudi à la plus importante mobilisation sociale de ces dernières années en Colombie. Bien que les autorités aient souligné le caractère majoritairement "pacifique" de la protestation, la fin de la journée a été marquée par des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants. Au total, 122 civils et 151 membres de la force publique ont été blessés, tandis que 98 personnes ont été arrêtées, selon le dernier bilan officiel.
Cali, troisième ville de Colombie, a été le principal foyer d'incidents violents, avec des pillages et des "actes de vandalisme", suite auxquels la mairie a décrété un couvre-feu jusqu'à l'aube vendredi. Les autorités ont ensuite assuré avoir repris le contrôle de la ville. Mobilisés contre les mesures économiques, sociales et sécuritaires du président Duque, des centaines de milliers de personnes ont marché dans les rues des principales localités du pays jeudi, terminant la journée par des "cacerolazos", ou concerts de casseroles, forme de protestation jusque là inédite en Colombie.