Le médecin congolais Denis Mukwege, coléauréat du Nobel de la paix, a appelé la planète à cesser d'ignorer les victimes de violences sexuelles en temps de conflit, estimant que la seule guerre qui vaille est celle "contre l'indifférence".
"Pas seulement les responsables de crimes". "Ce ne sont pas seulement les auteurs de violences qui sont responsables de leurs crimes, mais aussi ceux qui choisissent de détourner le regard", a affirmé le gynécologue de 63 ans après avoir reçu le Nobel à Oslo. "S'il faut faire la guerre, c'est la guerre contre l'indifférence qui ronge nos sociétés aujourd'hui."
50.000 femmes traitées depuis 1999. Surnommé "l'homme qui répare les femmes", le médecin soigne depuis deux décennies les victimes de violences sexuelles dans son hôpital de Panzi, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), région déchirée par des violences chroniques. Depuis sa création en 1999, l'établissement a traité plus de 50.000 femmes, enfants et même nourrissons, aux corps meurtris.
"Le sommet de l'iceberg", a affirmé Denis Mukwege, "ce sont des femmes qui ont pu se déplacer jusqu'à l'hôpital mais, souvent, il y en a qui ne peuvent pas ou qu'on n'a pas réussi à trouver". "Quand vous voyez un petit bébé innocent en sang avec les organes génitaux en lambeaux, vous vous posez des questions sur l'humanité", a-t-il confié.