Il a tiré sa révérence. Barack Obama a tenu un discours d’adieu mardi soir à Chicago, dans lequel il a assuré que "l’Amérique est meilleure et plus forte" aujourd’hui qu’avant son arrivée à la Maison-Blanche il y a huit ans. Certes, le 44e président américain peut se targuer d’avoir réduit le chômage, d’avoir normalisé les relations avec Cuba ou encore d’avoir institué le mariage gay. Pourtant, Barack Obama n’a pas tenu toutes ses promesses. Petit tour d'horizon.
- L’"Obamacare" : des millions d’Américains sans couverture santé
Il voulait instituer une couverture santé universelle. L’"Obamacare" visait à permettre à tous les citoyens d’accéder aux mutuelles privées (l’assurance publique n’existant pas outre-Atlantique). Si le nombre de personnes sans assurance a chuté de 16% en 2010 à moins de 9% en 2016, les dix millions d’Américains qui devront s’assurer en 2017 feront face à une flambée des prix des assureurs, qui ne sont pas régulés. Et quelque 30 millions d’Américains restent encore sans assurance. "Cette couverture n’est pas universelle, c’est un leurre : des millions d’Américains n’ont toujours rien. De plus, elle renforce le pouvoir des assurances privées, sans encadrer le prix des médicaments", a expliqué auprès de 20 minutes John R. MacArthur, journaliste auteur de L’Illusion Obama. La réforme majeure de Barack Obama est d’ailleurs en sursis : Donald Trump souhaite son abrogation au plus vite.
- Black Lives Matter : les tensions raciales persistent
Le premier président noir des Etats-Unis, élu notamment grâce au vote massif des minorités, a déçu. Barack Obama voulait "poursuivre la longue marche" des abolitionnistes et des militants des droits civiques et pourtant, les inégalités raciales sont toujours aussi vives. En illustrent ces affaires successives de jeunes noirs abattus par des policiers blancs - souvent restés impunis -, qui ont entraîné des heurts depuis deux ans à travers le pays. De cette génération post-Ferguson est d'ailleurs né en 2013 le mouvement "Black Lives Matter" ("les vies noires comptent"), qui lutte contre les bavures et violences policières.
- Encore 8.000 soldats en Afghanistan
Autre promesse non tenue : le retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Si l’armée s’est bien retirée d’Irak en 2011 (où elle était présente depuis 2003), ce n’est pas le cas en Afghanistan. Quelque 8.000 soldats y sont toujours dépêchés. En juillet dernier, Barack Obama a acté ce renoncement en annonçant le maintien de ces soldats dans le pays, au moins jusqu’à début 2017 : il avait alors jugé la situation "dangereuse" alors que les "forces afghanes continuent de s’améliorer".
- L’échec de la fermeture de Guantanamo
Fermer Guantanamo était une des grandes promesses de campagne de Barack Obama en 2008, mais force est de constater que la prison militaire américaine sur l’île de Cuba est toujours active. L’administration Obama a multiplié les plans de fermeture de Guantanamo, mais le Congrès américain a toujours fait barrage, s’opposant à chaque fois au transfert des prisonniers sur le sol national. Barack Obama a cependant réduit sensiblement le nombre de détenus : début janvier, encore quatre détenus yéménites ont été transférés de la prison militaire en Arabie saoudite. Il reste aujourd’hui 55 prisonniers à Guantanamo. Ils étaient 242 à l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche.
- Les armes à feu prolifèrent
Les Etats-Unis comptent davantage d’armes à feu individuelles que d’habitants. Barack Obama n’a eu de cesse de vouloir retoquer le deuxième amendement de la Constitution, qui garantit à tous les citoyens le droit de détenir une arme. Et à chaque nouvelle fusillade, le président a appelé à légiférer sur le port d’armes. Mais là encore il s’est retrouvé bloqué face au Congrès et à une opinion largement acquise aux armes individuelles. Résultat : la présidence Obama a vu le nombre de morts tués par arme à feu augmenter, comme le souligne Slate. 287 personnes ont été tuées lors de 33 tueries de masses au cours de huit dernières années.