A l'attaque. BeIN Sports appuie sur l'accélérateur. En deux jours, le bouquet de chaînes sportives a frappé deux grands coups sur le marché des droits sportifs. Lancé en France en 2012 par le groupe qatari Al-Jazeera, BeIN Sports marque ainsi sa volonté de s'imposer comme un média phare dans cet univers.
Main basse sur le Mondial de foot. Mercredi, la chaîne payante a annoncé qu'elle allait diffuser l'intégralité des matches de la Coupe du monde de football cet été, soit 64 rencontres. Depuis plusieurs semaines, les responsables de BeIN Sports étaient en négociations avec TF1, qui dispose de l'ensemble des droits de diffusion. Pour alléger sa facture (130 millions d'euros), la Une a revendu une partie des ces droits à BeIN. Celle-ci pourra ainsi diffuser l'ensemble des matches, dont 36 en exclusivité, ainsi qu'un magazine quotidien sur la compétition. Les téléspectateurs pourront tout de même regarder une partie de la compétition gratuitement, puisque TF1 conserve 28 rencontres, dont celles de l'équipe de France, les demi-finales et la finale.
La veille, on apprenait que BeIN Sports avait acquis les droits du championnat de France de handball pour les cinq prochaines saisons, ainsi que la Coupe de la Ligue. La chaîne, qui avait déjà récupéré la Ligue des champions et les Mondiaux dans la même discipline, ravit ainsi à Canal+ le statut de chaîne du handball.
De plus en plus de compétitions. Ces opérations viennent s'ajouter à la longue liste de compétitions déjà chipées à la chaîne cryptée par BeIN. Après avoir récupéré une partie de la Ligue 1 et de la Ligue des champions de football, ainsi que plusieurs championnats étrangers, la chaîne qatarie a poursuivi ses emplettes dans d'autres disciplines en 2013. Les droits de retransmission du tournoi de Wimbledon et de l'Euroligue de basket (photo) sont notamment tombés dans son escarcelle, là encore aux dépens de Canal+.
L'audience est au rendez-vous. Cette stratégie est-elle payante ? BeIN Sports revendique 1,7 million d'abonnés. Et selon une étude d'audience publiée jeudi par Médiamétrie, BeIN est parvenue à s'imposer dans l'univers des chaînes sportives payantes. BeIN Sports 1, le principal canal du bouquet, a enregistré une part d'audience de 0,4% entre septembre 2013 et février 2014. Cela reste bien moins que Canal+ Sport (0,7%), mais plus qu'Infosport (0,2%) et Sport+ (0,1%), qui appartiennent aussi au groupe Canal+. BeIN Sports a également surpassé Eurosport (0,3%), la chaîne payante du groupe TF1. Rappelons toutefois que son budget est largement supérieur, pour des recettes qui restent inconnues.
Prochain bras de fer sur la Ligue 1. Prochain round entre BeIN Sports et Canal+ : la remise en jeu des droits de la Ligue 1 pour la période 2016-2020. Sentant le moment propice à la montée des enchères, la Ligue de football professionnel (LFP) vient en effet d'avancer son appel d'offres. Les diffuseurs doivent remettre leurs propositions d'ici au début du mois d'avril. L'occasion pour BeIN Sports, qui avait déboursé plus de 150 millions d'euros en 2012 pour diffuser huit matchs par journée, de tailler à nouveau des croupières à sa rivale.
>> Frédéric Thiriez, président de la LFP, explique sur Europe 1 pourquoi l'appel d'offres des droits de la Ligue 1 a été avancé :
Canal+ encaisse les coups... et contre-attaque. En attendant de formuler son offre pour la Ligue 1, Canal+ riposte… sur le terrain judiciaire. La chaîne cryptée, qui a porté plainte contre BeIN Sports pour concurrence déloyale, lui demande pas moins de 293 millions d'euros de dédommagement. Elle estime que son arrivée lui a fait perdre 187.000 abonnements. Lors de l'audience qui s'est tenue mardi au tribunal de Nanterre, les avocats des deux concurrents ont échangé des noms d'oiseaux, rapporte BFM Business. Le conseil de la chaîne cryptée a pointé les dépenses astronomiques de BeIN Sports aux frais de l'émir du Qatar : "BeIn Sports désorganise le marché. Ses pertes ne seront pas recouvrables. L'actionnaire ne regarde pas les profits et dit : "je paye, je paye, je paye". En face, l'avocat de la chaîne qatarie a dénoncé "une plainte aux relents nauséabonds et xénophobes". Ambiance.