Jamel Debbouze, Omar Sy, Nicolas Anelka, impossible de passer à côté d’eux. Chacun dans leur domaine, ils font partie des meilleurs. Mais au-delà de l’humoriste, du comédien et du footballeur, il y a trois amis d’enfance, qui ont grandi dans une cité de Trappes, en banlieue parisienne. C’est ce que s’attache à montrer le documentaire L’Entrée des Trappistes, produit par la journaliste, et épouse de Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau. Il sera diffusé sur Canal+ mardi. Europe1.fr l’a vu en avant-première.
"’Ils sont nuls en maths !"
Le film n’a assurément pas pour but d’investiguer sur leur face cachée. Mélissa Theuriau assure pourtant que "si, si, ils ont des défauts ! Vous avez bien vu qu’ils sont nuls en maths !", en référence à un passage du documentaire où Jamel et Omar cherchent, sans succès, le nom du plus grand côté d’un triangle rectangle (l’hypoténuse, ndlr). Au final, L’Entrée des Trappistes ne fait que rendre encore plus sympathiques trois hommes qui ont déjà conquis le cœur des Français.
Jamel Debbouze a souvent pris sa vie et sa propre famille comme source d’inspiration, multipliant les références à sa vie privée sur scène et n’hésite pas à faire la couverture des magasines pour la naissance de ses enfants. Le succès d’Intouchables a propulsé Omar Sy sur le devant de la scène, le forçant à se dévoiler un peu plus. Quant à Nicolas Anelka, il a parfois fait les gros titres des journaux sportifs ou people. On se souvient notamment de son départ précipité de Knysna, après l’épisode des vestiaires. Qu’apprend-t-on alors dans ce documentaire ? Confidences des trois hommes, retrouvailles dans leur cité de Trappes ou à Londres chez Nicolas Anelka et images d’archives inédites de leurs débuts permettent de découvrir qui ils sont au-delà de leur image publique.
Anelka vide son sac
Le tournage du documentaire s’est étalé sur un an. On suit ainsi Jamel Debbouze dans l’écriture et le rodage de son nouveau spectacle, entre fatigue et remise en question. Omar Sy, lui, n’a pas voulu que la caméra l’accompagne sur le tournage d’Intouchables mais s’est laissé filmer pendant son retour aux sources au Sénégal. Quant à Nicolas Anelka, qui tournait la page d’un Mondial raté, ce n’est que vers la fin du mois de novembre – alors que le réalisateur Edouard Bergeon le suivait depuis le mois de janvier – qu’il a fini par vider son sac.
Le footballeur est, selon Mélissa Theuriau, "la pépite du film". Nicolas Anelka est celui des trois sur lequel on connaît le moins, tant il se protège des médias. Mais, le réalisateur a su gagner sa confiance et le faire accoucher de confidences. "Être une star, un people dans les magazines, c'est pas du tout mon kiff. Les journalistes ont voulu donner de moi l'image d'un mec arrogant, alors tu deviens un mec arrogant", confie le footballeur, qui explique qu’il a pris ses distances avec les journalistes dès le début de sa carrière après une interview tronquée.
"Mon fils est un fils bien"
Les parents des trois garçons se sont également prêtés au jeu des confidences. Tantôt fiers de leur fils, comme la mère d'Omar qui confie : "Je sais que mon fils est un fils bien", et qui fond en larmes dans les bras de son fils après avoir vu le film Intouchables - mais s’excuse aussitôt : "je t’embête alors que tu es en plein travail". Tantôt réservés et lucides sur la célébrité : "En équipe de France, je sentais qu'il allait se passer quelque chose. Il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas Nicolas", dit Madame Anelka. Le père du footballeur en revanche reste muet devant la caméra : comme son fils, il a appris à se méfier des médias, explique le réalisateur Edouard Bergeon.
De retour dans leur cité de Trappes, où ils ont grandi à quelques dizaines de mètres les uns des autres - les familles Anelka et Debbouze dans des petits pavillons tandis que les Sy occupaient un appartement dans un petit immeuble – les trois stars se retrouvent autour du petit rond-point qui leur servait de QG à l’époque. "Mais il était vachement plus grand avant !", s'exclame Omar Sy, presque étonné d'avoir tant grandi. Les rencontres avec les habitants du quartier se succèdent, entre embrassades – "et en plus c’est gratuit !", s’exclame une voisine – et sourires complices avec les gamins de la cité qui rêvent de suivre leur parcours.
Leurs parcours. Pour Nicolas Anelka, ce sont les buts au FC Trappes qui l’ont mené très tôt en centre de formation avant de rejoindre le PSG. Jamel Debbouze lui a suivi les cours de théâtre de "Papy", un prof de son collège, qui sentant son appétence l’a lancé vers l’improvisation. Il fait ensuite ses premières armes sur Radio Nova, où il "incruste" rapidement Omar. "S’il y en avait un qui rentrait, on mettait le pied dans la porte et on faisait rentrer tous les autres", se rappelle Jamel en découvrant des images de leurs débuts radiophoniques.
"On aurait été meilleur ministre ou meilleur braqueur"
Sous l’œil de la caméra, l’humoriste analyse son parcours. "On a suivi les modèles qu’on avait. C’était Smaïn par exemple. Mais on aurait été les meilleurs dans n'importe quelle autre discipline. Meilleur ministre ou meilleur braqueur", s’amuse Jamel Debbouze. Pour lui, "une enfance à Trappes, c'est la meilleure chose qui puisse arriver à un enfant".
Le documentaire se veut aussi engagé : "on a voulu envoyer le signal que l'immigration est une bonne nouvelle pour la France", explique Jamel Debbouze. Le film, consensuel, est d'ailleurs diffusé dans le cadre d'un cycle "La diversité en marche". "Diffuser ce documentaire à quelques mois de la présidentielle, on trouve que ça a du sens", conclut Mélissa Theuriau.