Soupçons sur des millions. Cash Investigation, le magazine de France 2, revient mardi soir sur les liens entre Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi, à travers une enquête conduite par Nicolas Vescovacci sur le financement lybien présumé de la campagne présidentielle de 2007.
Un coup de fil qui tourne court. Interrogé au micro de Village médias sur cette enquête d'un an et demi, le journaliste déplore notamment le silence de l'entourage de Nicolas Sarkozy, et celui de l'ancien président de la République, qui a refusé de répondre aux sollicitations de l'équipe. Pour preuve, cette scène où Elise Lucet, la présentatrice de Cash Investigation, tente de joindre l’intéressé par téléphone :
"- Allo ?
- Monsieur Sarkozy, bonjour. C'est Elise Lucet pour Cash Investigation. Est-ce que je vous dérange ?"
Le téléphone raccroche aussitôt. Une séquence à retrouver dans Affaire Sarkozy-Kadhafi : soupçons sur des millions, diffusé mardi, à partir de 20h55 sur France 2.
Un travail de longue haleine. "J'ai démarré cette enquête à l'automne 2016, au moment où je recueille le témoignage de Ziad Takieddine [l'homme d'affaire franco-libanais qui aurait servi d'intermédiaire, ndlr]. Il affirme avoir remis trois valises d'argent liquide au ministère de l'Intérieur", lorsque Nicolas Sarkozy occupait encore la place Beauvau, rappelle Nicolas Vescovacci. "C'est à partir de là que l'on commence".
"On s'est lancé dans cette enquête et dans cette contre-enquête pour vérifier les propos de monsieur Takieddine. Il y avait déjà, à l'époque, un témoignage concordant sur ses propos", relève-t-il.
Pour rappel, en mars 2018, Nicolas Sarkozy a été entendu par la justice dans le cadre d'un éventuel financement de sa première campagne présidentielle avec des fonds issus du régime du dictateur libyen. L'ancien chef de l'Etat a finalement été mis en examen pour corruption passive, financement illicite de campagne électorale et recel de détournement de fonds publics libyens.
Le soutien de France Télévisions. De son côté, Paul Moreira, le fondateur de la société Premières Lignes qui produit Cash Investigation, tient à saluer le soutien financier du service public, qui a permis à ses équipes d'enquêter pendant un an et demi. "France Télévisions a compris la force et la puissance d'une telle émission, ne serait-ce qu'en terme d'audience et d'image, et donc elle nous aide plus que si c'était un reportage pour Envoyé Spécial, par exemple", souligne-t-il, également au micro de Village médias.
"On a une avance de France Télévisions", explique-t-il. "On produit deux heures de télé, on est très en dessous des prix d'une fiction, mais bien au-dessus du prix du reportage, sinon on ne pourrait pas payer un an et demi de travail solide d'un enquêteur".