Le guide Michelin livrait lundi ses résultats. Deux maisons sont notamment sorties du club prestigieux des trois étoilés, Le Meurice Alain Ducasse, à Paris, et le Relais Bernard Loiseau à Saulieu. L'information a largement été reprise par les médias, mais n'en fait-on pas trop sur le sujet ? Le grand direct des média et Jean-Marc Morandini ont posé la question à Franck Pinay Rabaroust, ancien rédacteur au guide Michelin et Périco Légasse, journaliste critique gastronomique.
>> En fait-on trop sur le guide Michelin ?
NON - Franck Pinay Rabaroust : "C'est un événement national et tant mieux. Si on peut parler d'autres choses que des morts et des génocides. (...) On parle du Michelin aujourd'hui parce que c'est la référence, mais tous les guides ont exactement la même logique d'événementialisation."
OUI - Périco Légasse : "Cela devient un événement national. (...) Le phénomène de la restauration a pris tellement d'ampleur dans notre société que Michelin a mis en scène cette communication. C'était un show médiatique spécialement fait pour que les médias soient attirés. Leur stratégie (NDLR : au Michelin) n'est plus culinaire et professionnelle, c'est une stratégie de communication."
>> Le guide Michelin cherche-t-il à créer l'événement à tout prix ?
NON - Franck Pinay Rabaroust : "C'est du culinaire, mais avec du marketing. Aujourd'hui, qui ne fait pas de marketing avec l'information ? C'est une notation qui reste sur l'assiette. Chaque année, les inspecteurs sont sur la route pour faire les tables. En un an, un chef ou une équipe peut changer. (...) C'est un jugement totalement subjectif, à priori on ne juge pas le décor mais on tient compte tout de même du luxe. Malheureusement, on le voit chaque année, ce sont souvent les restaurants qui ont investi (NDLR : dans la décoration, les équipes, etc.) qui gagnent les étoiles."
OUI - Périco Légasse : "On sent bien que chaque année dans les bureaux du Guide Michelin, on calcule quelle étoile on va retirer ou que l'on va ajouter pour faire le plus de buzz possible. (...) Les tables qui sont notées, nous sommes tous unanimes, elles sont exactement les mêmes que l'an dernier (...) Le Meurice Alain Ducasse, qui a perdu sa troisième étoile, est exactement le même qu'il y a un mois."