Il est l'un des nouveaux visages de la presse française. Après avoir racheté l'hebdomadaire Marianne, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, à la tête du groupe Czech Media Invest, a racheté 49% de la participation de Matthieu Pigasse dans le capital du Monde. Alors que son arrivée au capital du journal interroge jusqu'au sein de la rédaction, l'homme d'affaires revient samedi dans Les Échos sur les raisons de son investissement, qu'il présente comme "un engagement citoyen".
"Ce n'est pas un investissement économique". Affirmant "regretter de ne pas avoir eu plus de temps pour communiquer proprement", Daniel Kretinsky dénonce des "inexactitudes dans la manière dont ont parfois été présentées les choses" concernant son arrivée. "La presse, ce n'est pas un investissement économique pour moi, c'est plutôt un engagement citoyen", assure-t-il.
"La presse est essentielle pour la préservation des valeurs traditionnelles de la démocratie libérale", explique encore le milliardaire. "Si nous investissons dans ce secteur, c'est parce que je suis très attaché aux valeurs de nos sociétés et que ce que j'observe aujourd'hui dans leur évolution me fait peur".
Un "combat à mener sur la régulation des Gafa". L'homme d'affaires fait également part d'un "profond intérêt intellectuel pour les enjeux auxquels la presse doit faire face aujourd'hui". Et de citer "les gens qui s'informent uniquement par le numérique" qui "ne sont pas assez armés pour comprendre dans leur complexité les enjeux sociétaux, économiques, politiques".
Daniel Kretinsky évoque également "le combat à mener sur la régulation des Gafa", dont certains "exercent une concurrence sauvage aux médias standards".
Le 26 octobre, dans un communiqué, la Société des rédacteurs du Monde s'était dite "surprise de cette modification de l'actionnariat" et de son "annonce brutale". La SDR affirmait également rester "vigilante sur les opérations en cours et leurs retombées pour l'indépendance éditoriale et l'image du Monde".
Interrogé par Les Échos sur la question de la ligne éditoriale, Daniel Kretinsky assure que "chaque rédaction est indépendante, et chaque média a son esprit, ses valeurs, son audience, et il faut les respecter. Mes idées personnelles n'ont pas à interférer dans la ligne des journaux".
Le milliardaire n'exclut par ailleurs pas des synergies entre Le Monde et ses autres titres de presse, comme par exemple la diffusion d'articles traduits sur le site Info.cz.