Retour neuf mois en arrière. France 3 remonte dans le temps jeudi soir, juste avant le début du procès des attentats du 13 novembre, qui touche désormais à sa fin. Les réquisitions par le parquet national antiterroriste se tiennent depuis mercredi et jusqu'à vendredi. Avec le documentaire Les promesses du Palais, France 3 Paris Île-de-France revient avant même le début des audiences pour donner la parole à trois survivants ainsi qu'à la mère d'une jeune femme décédée dans ces attaques. Du pur témoignage recueilli par la journaliste Laurline Danguy des Déserts, qui a, elle aussi, un lien avec cette soirée du 13 novembre 2015.
Questionner les manquements de la société
"Ce soir-là, je suis sortie trop tard du travail pour rejoindre mes amies qui se rendaient, elles, à un concert au Bataclan. Pour moi et pour beaucoup d'autres, la vie a changé, voire basculé ce soir-là", explique Laurline Danguy des Déserts dans le documentaire. "Pour tous ceux qui ont été touché de près ou de loin par ses attaques, le procès est un symbole. Sauf que chez moi, il soulève plus de questions que d'espoirs : dois-je en attendre quelque chose ? À quoi sert-il ? Quelle y est ma place ? J'ai voulu partager ces interrogations avec d'autres proches de victimes et de rescapés, ceux qu'on appelle les parties civiles."
Le parti pris du documentaire consiste à proposer une réflexion sur l'utilité du procès, s'il peut apaiser les victimes, ce qu'elles vont y raconter, ce qu'elles en attendent. Les 52 minutes du documentaire permettent d'aller au-delà des lieux communs d'un procès "pour tourner la page", d'un procès comme "dernière étape du deuil". Les promesses du Palais montre une réalité beaucoup plus complexe, avec des propos plus nuancés et même une réflexion sur notre société. Ne faudrait-il pas la juger elle aussi ? Qu'a-t-on raté pour que la France soit le pays où le plus de jeunes sont partis en Syrie ?
Sortir du récit des attentats
Ce documentaire se passe de tout artifice pour se concentrer sur les témoignages, donnés assis sur des chaises. La réalisatrice a pris le parti de ne pas faire raconter à nouveau aux victimes leurs blessures. "À chaque fois que vous entendez un rescapé, on lui fait raconter sa soirée. J'exagère, mais on sait quasiment presque minute par minute ce qu'il s'est passé ce soir-là. Il y a eu des documentaires Netflix très bien faits là-dessus, 150 docs télé et reportages... Je voulais sortir de cela", indique-t-elle au micro d'Europe 1.
"Peu importe que l'on soit couché sur le sol du Bataclan, caché dans un fond plafond, sorti au bout d'un quart d'heure, sur la terrasse du Carillon à faire un garrot à quelqu'un", ajoute la réalisatrice. "Fondamentalement, ce que nous inspirent les questions de justice autour de cet évènement est plus important que le fait pur de ce que l'on a vécu ce soir-là." Laurline Danguy des Déserts envisage un deuxième volet pour savoir ce que le procès a apporté ou non à ses rescapés et proches de victimes.
Les promesses du Palais est diffusé jeudi soir à 23 heures sur France 3 Paris Île-de-France.