Le quotidien Libérationa besoin de 15 millions d'euros pour couvrir ses pertes sur les trois prochaines années avant d'atteindre la rentabilité en 2026, a expliqué jeudi à l'AFP Denis Olivennes, son directeur général et co-gérant, confirmant une information de La LettreA. Deux ans après sa cession au "Fonds de dotation pour une presse indépendante" par le groupe Altice de l'homme d'affaires Patrick Drahi, Libération a besoin de liquidités malgré sa croissance commerciale.
"On ne regrette pas tous ces investissements"
A l'époque, "on a élaboré un business plan qui prévoyait un retour à l'équilibre en 2023 et supposait un apport en fonds" d'une vingtaine de millions d'euros, a expliqué le patron Denis Olivennes. Mais ce plan n'a pas suivi sa trajectoire, notamment en raison d'un développement plus lent qu'attendu de la publicité, aggravé par la pandémie, et "un niveau de départs en clause de cession plus élevé que prévu", a-t-il ajouté.
Des facteurs auxquels se sont ajoutés les investissements nécessaires à la croissance du quotidien comme l'augmentation de 10% des effectifs et le financement d'une plate-forme logicielle permettant d'accroître le nombre d'abonnements. "On ne regrette pas ces investissements parce que, de fait, Libération a connu l'an dernier la plus forte progression de la diffusion France payée de toute la presse quotidienne nationale", de l'ordre de plus de 18%, et sur ce premier semestre se place encore "sur les premières marches du podium", selon le dirigeant.
Le fonds gardera le contrôle de Libération
"Tous ces éléments cités retardent de deux ans et demi-trois ans le point d'équilibre et donc allongent le besoin de couverture des pertes d'exploitation qu'on a estimées à une quinzaine de millions d'euros", a néanmoins fait valoir le président de la holding de Libération. Restent donc deux options, selon lui: "Soit le fonds de dotation réengage de l'argent dans Libération mais, pour ça, il faut que le premier donateur, Patrick Drahi, remette de l'argent; or, il a déjà mis 100 millions d'euros dans Libération depuis qu'il y est rentré" en 2014.
Soit il faut trouver un investisseur croyant "à notre modèle et qui (nous) finance, en nous prêtant de l'argent ou en investissant aux côtés du fonds" mais "la seule chose qui est certaine, c'est que le fonds gardera le contrôle de Libération", a prévenu Denis Olivennes. En 2021, le chiffre d'affaires a atteint 31,5 millions d'euros en hausse de 10% et les pertes d'exploitations ont été réduites à 7,9 millions contre 12,3 millions en 2020.