Libération du camp de Buchenwald : le témoignage d’Izio Rosenman, 80 ans après
Le 11 avril 2025 marquera les 80 ans de la libération du camp de Buchenwald par les Américains et les détenus du camp, où des dizaines de milliers de personnes étaient enfermées et torturées. Ce jour-là, des centaines d'enfants et plus de 50.000 prisonniers sont libérés. Izio Rosenman, 90 ans, et d’origine polonaise, revient sur cette journée extraordinaire.
Le 11 avril 1945, dans l’après-midi, le camp de Buchenwald est libéré par les Américains mais aussi par les détenus eux-mêmes, qui ont pris les armes contre les SS. Ce jour-là, à Buchenwald, plus de 50.000 prisonniers retrouvent la liberté, dont plusieurs centaines d’enfants.
C’est presque un miracle car quasiment aucun enfant déporté n’a survécu dans les camps de concentration. Mais à Buchenwald, les adultes, qui avaient créé une organisation résistante clandestine, se sont organisés pour les sauver.
Une organisation particulière dédiée au sauvetage des enfants
Izio Rosenman, 90 ans, est d’origine polonaise. Il avait neuf ans et demi lorsqu’il est arrivé au camp de Buchenwald, le 17 janvier 1945. Il se souvient du train qui l’y a emmené, avec son père.
“On était en wagon ouvert et on était en plein hiver : il faisait -10 ou -15, donc une bonne partie des gens sont morts pendant ce voyage”, se remémore Izio. Buchenwald était en partie organisé par les détenus, qui avaient isolé les enfants dans un seul “bloc”, pour les protéger et les nourrir.
“On jouissait d'un statut très spécial”, poursuit Izio. “C'étaient des gens qui nous voulaient du bien et ça changeait tout, c’est pour cela qu’on a quasiment tous survécu. On était un millier d’enfants.”
La libération du camp
Le 11 avril au matin, l’armée américaine s’est approchée du camp tandis qu’à l’intérieur, des prisonniers et des nazis s’affrontaient. “J'ai tiré mon père et on s'est couchés sous le matelas…”, raconte Izio. “Et comme il y avait une grande bousculade, personne n'a rien vu. On est resté là deux jours, comme ça, sans bouger”, décrit-il.
“Il y a, je crois, une jeep qui est arrivée. Donc à ce moment-là, on a su que le camp avait été libéré”. Mais son père est mort quelques semaines plus tard.
“Là, je me suis dit, 'Je suis tout seul au monde, je n’ai plus personne'”. Heureusement, quinze jours après, on a fait le transport d'enfants vers la France. Je ne sais même pas si on a demandé mon avis ou pas, mais j'étais content !” Il n'a, depuis, jamais quitté la France.