Neuf journalistes travaillant pour Science et Vie, dont la quasi-totalité des rédacteurs titulaires, ont annoncé mardi avoir démissionné du titre en raison de "désaccords" avec le groupe Reworld Media, son propriétaire depuis l'été 2019.
Un départ collectif qui concerne, dans le détail, cinq titulaires, quatre pigistes, le mensuel et ses hors-séries, et risque de porter "un coup fatal" à cette publication centenaire, spécialisée dans la vulgarisation scientifique, selon sa société des journalistes (SDJ).
Aucune expertise scientifique dans la rédaction restante
Partis début mars, les cinq titulaires ne sont "pas remplacés", a précisé la SDJ dans un communiqué, déplorant "l'absence totale d'expertise scientifique" au sein de la rédaction survivante de huit titulaires (maquettiste, iconographes, etc.), dont un "dernier" rédacteur spécialisé, "nommé rédacteur en chef adjoint".
Le travail de veille et la "quasi-totalité de la rédaction des articles" sont donc confiées aux pigistes, sans "équipe rédactionnelle interne" pour assurer la "cohésion éditoriale", estime la SDJ, qui représente aussi Science et vie junior, non impacté. En outre, "la conception et la réalisation des hors série ont été entièrement externalisées et confiées à l'agence Com'Press". Contacté par l'AFP, Reworld n'a pas souhaité commenter.
Des journalistes inquiets pour la qualité du mensuel
Cette vague de départs était envisagée depuis l'automne par des journalistes inquiets pour l'indépendance et la qualité de leur titre, menacée selon eux par Reworld, un groupe régulièrement accusé d'entretenir la confusion entre espaces publicitaires et contenus éditoriaux, en externalisant leur production.
Parmi leurs griefs : le manque d'effectifs - une vingtaine de journalistes travaillaient sur le titre avant son rachat par Reworld, selon la SDJ - mais aussi la gestion du site internet par des "chargés de contenus" non journalistes. Ou encore la nomination d'une directrice de la rédaction et d'un rédacteur en chef sans expertise scientifique.
Une grève de trois jours vaine
En septembre, leur prédécesseur, Hervé Poirier, avait annoncé son départ soudain après 21 ans de maison suivi, en janvier, par Mathilde Fontez, rédactrice en chef adjointe, rappelle la SDJ. Entre temps, la rédaction a mené une grève de trois jours, voté une motion de défiance à l'encontre de la direction et récolté de nombreux témoignages de soutien des lecteurs et de la communauté scientifique. En vain.
Le mensuel s'est vendu à plus de 180.000 exemplaires par mois en 2020, selon l'Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM).